3 questions à Saïd Salhi, kinésithérapeute et Secrétaire général de l’UDI Jeunes

3 questions à Saïd Salhi, Kinésithérapeute libéral à Amiens, spécialisé en kiné du sport et pathologie respiratoire pédiatrique. Secrétaire général de l’UDI Jeunes, Vice-président UDI de la Somme

De nouvelles actualités concernent les kinésithérapeutes en matière de désert médical. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Le jeudi 13 juillet, deux syndicats sur trois ont signé un accord avec l’Assurance Maladie rendant l’avenant 7 applicable.

Ce texte, rejeté par les kinés il y a 7 mois lors d’une première négociation conventionnelle, permet l’application dès septembre 2023 de règles d’installation et conditions de travail plus strictes, en contrepartie d’une augmentation de la consultation de base.

Brièvement, que contient cet avenant 7 ? Qu’est-ce qui justifie ce changement de position des kinés ?

L’avenant 7 stipule que pour lutter contre les déserts médicaux, les kinés fraîchement diplômés devront travailler 2 années consécutives à l’hôpital, ou à l’Ehpad ou bien en zone sous-dense (zone de désert médical). En contrepartie, le tarif de la consultation de base passera de 16,13€ à 18,56€ (+2,43€) d’ici 4 ans.

Ce retournement de position peut s’expliquer par le contexte d’inflation et d’augmentation significative des charges (dues au coût de l’énergie, entre autres). Une pression difficilement soutenable pour les kinés dont les tarifs n’avaient pas été augmentés depuis plus de 10 ans.

Pensez-vous que ces nouvelles règles sont efficaces contre les déserts médicaux ?

Pour des raisons de droit d’accès à la santé, je ne suis pas opposé à la régulation démographique. Toutefois, il serait pertinent que cela s’applique selon les besoins de chaque territoire : la décentralisation permettrait cela.

Contraindre les kinés durant 2 années va accentuer un changement perpétuel des équipes dans les hôpitaux, les Ehpad et les zones sous-denses. Cette instabilité est néfaste pour les patients les plus vulnérables qui risquent de perdre leurs repères. Par ailleurs, cela créera un désintérêt chez les jeunes générations pour le domaine de la kinésithérapie.

De plus, envoyer des jeunes kinés en zone sous-dense, dans ces mêmes territoires où il n’y a pas de médecin, va créer des situations de blocage : pas de soins de kinésithérapie possibles sans ordonnance. Il est urgent d’accélérer l’accès direct pour les kinés.

L’État doit absolument redonner des moyens sérieux aux structures de rééducation pour prendre en charge les patients dans les meilleures conditions possibles sur le long terme.