3 questions sur le télétravail à Marie-Noëlle Delaire

Marie-Noëlle Delaire, Vice-présidente de la région Hauts-de-France chargée de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire

 

Vice-Présidente de la Région Hauts-de-France, vous avez été responsable des ressources humaines dans l’industrie et en cabinet conseil, quel regard portez-vous sur cette tendance au « retour en présentiel » dans les entreprises ?

 

C’est un « rééquilibrage naturel » après quelques années où le télétravail a été considéré comme la découverte d’un « nouveau continent » dans cette période post-Covid. On constate en effet que de grandes entreprises américaines comme Google, Tesla, Amazon, Disney, Nike font le choix du « retour au bureau ».

 

Le présentiel reste la clé de voûte pour nourrir la culture d’entreprise, le travail collectif, le lien social et l’émulation. D’un point de vue managérial, il est capital d’éviter les dysfonctionnements organisationnels, le sentiment de détachement de l’entreprise et de ses collègues. Enfin, comme le Covid l’a prouvé, ce sont bien souvent les métiers vitaux pour notre économie qui ne peuvent se passer de télétravail.

 

Le télétravail ne permet pourtant pas de résoudre certaines problématiques du monde professionnel ?

 

Pour les entreprises, le télétravail peut avoir plusieurs intérêts : l’optimisation des espaces de travail, une diminution de l’absentéisme, source d’une plus grande responsabilisation des salariés, mais également d’un plus fort engagement de leur part. Le télétravail est parfois intéressant pour attirer de nouveaux profils. Le véritable écueil à proscrire, c’est le « présentéisme ». Ce « surinvestissement professionnel par la présence », très ancré dans notre culture française, ne garantit pour autant pas la performance.

 

Comment trouver le point d’équilibre ?

 

Il est intéressant de constater que les jeunes générations considèrent le télétravail comme un dû. Nombre de salariés pensent que le télétravail a amélioré leur qualité de vie et décuplé leur productivité. Il faut trouver un juste équilibre et toujours rester dans le dialogue. Il faut garantir le droit à la déconnexion, et la charte de télétravail, même si elle n’est pas obligatoire, reste un excellent outil pour parvenir à un accord collectif. Avec 3,5 jours de présence au bureau par semaine en moyenne, les Français restent quand même les champions en Europe de la présence au bureau. Nous restons viscéralement attachés à la socialisation dans l’entreprise. À nous de cultiver ce particularisme !