3 questions sur les défis des commissariats de Police à Frédéric Vidal

Frédéric Vidal, ancien Officier de Police judiciaire et Conseiller municipal de Saint-Victoret (13)

 

Vous avez exprimé des inquiétudes concernant la réforme de la police judiciaire. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette réforme ?

La réforme vise à modifier la manière dont les polices judiciaires (PJ) gèrent les procédures judiciaires. Actuellement, en tant qu’officier de police judiciaire (OPJ), nous travaillons sous l’autorité de notre hiérarchie et du procureur de la République. La réforme permettrait aux personnels des PJ de traiter des procédures de gestion courante.

 

Quel impact pourrait-elle avoir sur la gestion des procédures ?

Je crains que cela n’entraîne un manque de suivi et de traitement adéquat pour les affaires complexes et/ou sensibles. Cette réforme, étant construite sur une départementalisation, revient à privilégier la sécurité publique au détriment de l’investigation longue.

D’autant plus que les procureurs, de leur côté, auraient moins de latitude pour orienter les OPJ dans le traitement des affaires sensibles, ce qui pourrait nuire à l’efficacité et à la justice de tout le système.

 

Vous avez également évoqué les difficultés actuelles rencontrées par les personnels dans les commissariats, indépendamment de la réforme. Pouvez-vous nous en dire ?

Absolument, les changements récents dans le code de procédure pénale ont eu un impact significatif sur la charge de travail des policiers dans les commissariats. Ils doivent traiter une grande variété d’affaires, et ces changements ont non seulement alourdi leur travail, mais ont également accordé plus de droits aux délinquants, sans pour autant renforcer les droits des victimes. Les services se retrouvent parfois submergés par un nombre élevé de procédures, tout en étant sollicités pour d’autres missions comme la surveillance, le renfort sur des manifestations et bien d’autres missions. Il devient donc difficile pour les enquêteurs de prioriser les dossiers, ce qui peut compromettre l’efficacité et la justice du processus judiciaire.