Arme nucléaire, le choix de l’autonomie stratégique
Olivier Henno, Sénateur du Nord, Vice-président de la Commission des affaires sociales du Sénat et Secrétaire général de l’UDI
L’actualité internationale a pris un tour particulier ce vendredi 28 février. Dans le bureau ovale et en direct à la télévision, le Président Donald Trump a exprimé sa volonté d’abandonner l’Ukraine à son triste sort en stoppant brutalement l’aide militaire américaine.
Cette décision de tourner le dos à l’Ukraine et plus largement à l’Europe a une portée considérable.
Faut-il la considérer comme définitive ? Personnellement, je me refuse à faire le deuil de l’amitié et de l’alliance occidentale et naturelle avec l’oncle Sam.
Non seulement Donald Trump nous a habitués à des retournements de situation inattendus, mais de plus il ne faut pas désespérer de la démocratie américaine.
Il y aura d’autres échéances électorales, notamment dans 2 ans avec les élections de mi-mandat qui pourraient changer les équilibres au Congrès et dans 4 ans les élections présidentielles. Rien n’est jamais écrit, rien n’est jamais définitif.
Cependant, quoi qu’il en soit, l’Europe doit se réveiller, assumer et financer sa propre défense. Nous vivons un moment de bascule.
Nous entrons dans un nouveau monde et notre devoir consiste à être fort, autonome et à préparer la guerre pour garantir la paix.
Ce sursaut européen est une occasion unique pour la France de proposer un cap, d’assumer un leadership européen et de développer une autonomie stratégique pour notre continent.
Pour être prosaïque et concret, il ne peut pas s’agir de partager le pouvoir de dissuasion nucléaire. Le génie du Général de Gaulle d’avoir doté la France de l’arme nucléaire, 100% française, est un atout considérable dans ce contexte.
Le principe de dissuasion du faible au fort doit être préservé et renforcé.
Cette dissuasion, pour être crédible, doit reposer sur ce qu’on appelle l’ambiguïté stratégique du seul Président de la République française d’être en capacité de lancer une opération nucléaire si les intérêts vitaux de la France sont menacés.
En clair, peut-on étendre le périmètre du parapluie de protection nucléaire aux pays européens qui le souhaitent ? Oui !
Doit-on pour cela partager la décision ? Non à l’évidence !
Dans cette période si particulière et si nous voulons être au rendez-vous de l’histoire, nous avons collectivement une responsabilité d’être à la hauteur de la situation, ce qui signifie trouver le juste équilibre entre l’indispensable renforcement de l’Union européenne sans oublier nos amis britanniques et le nécessaire sursaut français !