Conférence nationale des transports : une occasion à ne pas manquer

Christophe Geourjon, Président du groupe UDI-CA au Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, Président de la Commission Économie, relocalisations, numérique et préférence régionale Auvergne-Rhône-Alpes et Président de la fédération UDI Métropole de Lyon

 

L’ouverture ce lundi 5 mai 2025 d’« Ambition France Transports », la conférence nationale sur le financement des transports, constitue une occasion précieuse : celle d’un débat enfin ouvert sur l’avenir de nos mobilités. Pour une fois, les arbitrages budgétaires, les investissements prioritaires et les responsabilités de chacun, État et collectivités, sont mis sur la table. Il faut s’en saisir pleinement, car les citoyens, les territoires et les entreprises attendent plus que des annonces.

 

Les besoins sont immenses : modernisation du réseau ferroviaire, développement des SERM (RER métropolitains), relance du fret, rénovation des infrastructures routières… En parallèle, les attentes des citoyens sont claires : désenclaver les zones rurales et périurbaines, désengorger les centres urbains, soutenir les mobilités du quotidien, proposer de vraies alternatives à la voiture, accélérer la transition écologique…

 

Mais les moyens sont de plus en plus contraints. Il faut donc établir des priorités, faire des choix justes et équitables, activer de nouveaux leviers. Cela suppose une volonté politique forte, un effort budgétaire significatif et une révision des outils actuels. On ne relèvera pas les défis de demain avec les solutions d’hier.

 

L’idée d’affecter une part des recettes issues du renouvellement des concessions autoroutières à partir de 2031 est intéressante, mais elle ne répond pas à l’urgence ; de plus ces recettes devront aussi permettre l’entretien de notre réseau routier. D’autres pistes doivent être explorées : portage par la Caisse des Dépôts, redéploiement de financements existants, mobilisation européenne… et remise à plat de la contribution des acteurs économiques.

 

Il faut cependant exclure toute hausse d’impôts impactant l’outil productif. Aujourd’hui, la réindustrialisation de la France est une priorité, c’est un enjeu pour créer des emplois, pour l’aménagement du territoire, pour l’environnement et pour la souveraineté nationale dans un contexte géopolitique tendu. Dans ce cadre le versement mobilité, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, atteint ses limites. Il finance seulement les mobilités urbaines alors que les besoins concernent l’ensemble du territoire, de la ruralité au centre urbain.

 

Ce dispositif basé sur la masse salariale pèse uniquement sur nos entreprises créatrices de valeur et d’emploi.  Il épargne les grandes plateformes de l’e-commerce, grands générateurs de flux et d’émissions, mais avec un taux d’emploi limité, donc avec un effort collectif inéquitable.

 

Une contribution spécifique des géants du numérique et du commerce en ligne doit donc être sérieusement envisagée. Elle permettrait notamment de financer le développement du transport ferroviaire. De plus, elle rétablirait une concurrence plus équitable au profit des commerces de proximité et des artisans, en corrigeant une injustice fiscale entre acteurs locaux et multinationales déterritorialisées.

 

La conférence « Ambition France Transports » doit marquer une étape fondatrice vers un nouveau pacte de mobilité, plus juste, plus écologique et profondément ancré dans les territoires. Une politique de mobilité durable ne se décrète pas : elle se construit collectivement.