Glyphosate : toxique ou intox ?

Martine Ollié, Secrétaire nationale à la Santé environnementale

 

Selon les sondages, près de trois quarts des Français considèrent le glyphosate comme un poison qui contamine leurs assiettes avec la complicité des agriculteurs et de l’agrochimie, qui seraient parvenus à corrompre la Commission européenne pour renouveler l’autorisation de son usage pour dix ans.

 

Le glyphosate est un herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire non sélectif, absorbé par les feuilles et à action généralisée. C’est le désherbant le plus utilisé en France et dans le monde depuis une cinquantaine d’années. Il sert à éliminer les mauvaises herbes avant de semer ou après la récolte, pour éviter les labours et l’utilisation de matériels agricoles. C’est donc un produit efficace et peu onéreux.

 

En 2015, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a lancé une alerte sanitaire en classant le glyphosate en catégorie 2A, cancérogène probable, au même titre que les boissons chaudes, la viande rouge, le travail de nuit… Cette première étude a déclenché des études poussées par de nombreuses agences sanitaires à travers le monde, s’appuyant cette fois-ci particulièrement sur les études épidémiologiques. Au vu de ces études, les conclusions du CIRC n’ont pu être confortées. Les risques pour la santé humaine seraient suffisamment faibles pour un usage raisonné.

 

Au terme d’un rapport de 2400 études menées par une centaine d’experts, l’European Food Safety Authority (EFSA) n’a pas réussi à prouver de toxicité évidente pour l’humain, alors que l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) identifie un niveau de présomption moyen sur une forme rare de cancer. Même si la science ne s’avance pas sur des positions fermes et définitives, l’épidémiologie ne montre pas de toxicité massive et avérée, n’en déplaise à certains mouvements activistes.

 

Les détracteurs du glyphosate, en s’acharnant à prouver une toxicité directe, ont négligé les inconvénients indirects. La déminéralisation des sols rend les plantes qui y sont cultivées plus vulnérables aux insectes et aux maladies, d’où un usage plus massif des insecticides. Un usage massif et répété est néfaste à la reproduction des vers de terre, mais trop peu d’études ont été prises en compte à l’heure actuelle.

 

En France, l’utilisation du glyphosate est autorisée mais soumise à des restrictions. Son usage est réservé aux professionnels qualifiés et interdit aux particuliers et dans les espaces publics. C’est une position raisonnée qui s’apparente à l’application du principe de précaution, mais qui ne doit pas nous faire négliger les possibilités alternatives d’agriculture durable, comme la rotation des cultures, le compostage, le paillage ou les herbicides biologiques. Ces pratiques aident à maintenir la biodiversité du sol, améliorent sa structure et participent à la qualité sanitaire de notre alimentation.