Harcèlement scolaire, traitons efficacement ce fléau

Jocelyne Guidez, Sénatrice de l’Essonne

Force est de constater que de nombreux enfants ou adolescents sont durablement affectés par les menaces, les humiliations ou les violences physiques dont ils font l’objet. Selon notre mission d’information sénatoriale dont j’ai été Vice-présidente en 2021, le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement concernent entre 800 000 et 1 million d’enfants. En d’autres termes, 6 % à 12 % des élèves subissent ou ont subi une forme de harcèlement au cours de leur scolarité.

Pour traiter efficacement ce fléau, je pense qu’il est nécessaire de mieux former tous les acteurs de l’Éducation nationale (directeurs, enseignants, animateurs, etc.) afin de mieux détecter ce phénomène, d’assurer une meilleure prise en charge de chaque cas et de participer activement à la reconstruction psychologique des enfants harcelés et de leurs familles.

 

Je regrette profondément que les élèves victimes de harcèlement soient doublement victimes : ils n’ont parfois que la déscolarisation ou le changement d’établissement pour solution, ce qui pourrait les mener peu à peu à l’échec scolaire. Le harcèlement engendre des traumatismes durables et, dans les cas les plus graves, mène au suicide des victimes.

 

 

 

Il faudrait aller dans les établissements scolaires, organiser des conférences, des débats interactifs, des mises en situation (des spectacles de théâtre) pour mieux sensibiliser les élèves, mais aussi libérer la parole. Je suis persuadée que la communication sur ce sujet devrait commencer dès l’école maternelle. Les enfants harcelés ont tendance à se taire. Il est important de rompre ce silence et intervenir dès le plus jeune âge.

 

Notre combat devrait continuer sur les plans de prévention, de sensibilisation et de responsabilisation. Mes constats de terrain sont révélateurs des lacunes de notre modèle éducatif. Prôner l’empathie et exposer clairement les principes de la vie en société dès le plus jeune âge permettraient aux adultes de demain d’adopter des comportements plus respectueux de leurs pairs et des moyens de communication non violente.

 

La situation s’est considérablement aggravée aujourd’hui. À mon sens, il faut trouver l’origine du mal et résoudre le problème à la source. Notre devoir est de protéger les plus fragiles : enseigner à nos enfants et nos adolescents à accepter « la différence », physique ou comportementale, particulièrement pour les personnes porteuses d’un handicap visible ou invisible.

 

Pour conclure, je souhaite saluer le travail des associations qui jouent un rôle important dans la lutte contre le harcèlement scolaire. J’ai eu l’occasion de les auditionner à plusieurs reprises. Transformer l’indifférence et l’ignorance en solidarité, c’est l’esprit qui nous anime.