Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes
Dominique Verien, Sénatrice de l’Yonne et Présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes au Sénat
244 300. C’est le nombre de victimes de violences conjugales recensées par les forces de l’ordre en 2022. Un chiffre bien entendu sous-estimé puisque toutes les victimes ne portent pas plainte, mais qui est en augmentation par rapport aux années précédentes. Il faut y voir avant tout une libération de la parole, une prise de conscience de la société et une meilleure prise en charge des victimes.
C’est aussi le signe que nos efforts portent leurs fruits et contribuent à changer la situation. Je pense par exemple à l’Aide Universelle d’Urgence, issue du texte de notre collègue Valérie Létard, qui permet à chaque victime de violence conjugale de se séparer de son conjoint violent sans avoir à subir un chantage financier. C’est aussi le Plan Rouge VIF, avec ses nombreuses mesures qui sont progressivement mises en place : les pôles spécialisés comme l’ordonnance de protection immédiate, par exemple. Ce sont aussi les Brigade de Protection des Familles et les Maisons de Protection de Familles qui montent en compétences et jouent un rôle de plus en plus important. Je tiens également à saluer l’annonce du Garde des Sceaux relative à la mise en place d’un financement pluriannuel pour les associations.
Bien entendu, le local n’est pas en reste, et je pense à tous ceux qui contribuent au quotidien à faire reculer les violences conjugales et à protéger les victimes. Ce sont nos associations, nos élus locaux, avec par exemple l’AMRF qui a mis en place les Élus Ruraux de l’Égalité, mais aussi nos gendarmes et policiers, nos médecins, nos magistrats… J’ai eu la chance de pouvoir les rencontrer et de constater que nos territoires fourmillent d’engagements et de belles initiatives, et je souhaite ici leur rendre un hommage appuyé.
Pour autant, ce serait une erreur de croire que le travail est fini et que le problème est réglé. Au contraire, il est indispensable d’intensifier nos efforts et de profiter de la dynamique actuelle pour renforcer notre action.
Sur la sensibilisation du grand public d’abord, c’est indispensable, pour que le plus grand nombre soit capable de détecter et signaler les violences conjugales. Sur la formation ensuite, et je pense ici aux professionnels de santé, aux policiers et gendarmes, à nos enseignants, aux agents des collectivités publiques… Ils ont souvent un contact privilégié avec la victime, si ce n’est le seul contact quand celle-ci est isolée.
Sur l’éducation ensuite, l’école a un rôle à jouer. Je sais la charge qui repose déjà sur les enseignants, mais il est indispensable que les jeunes générations soient sensibilisées au plus tôt à ces questions, ne serait-ce que pour les protéger car les enfants qui assistent à ces scènes de violence au domicile familial sont aussi des victimes, quand bien même ils ne subissent pas directement les coups.
Enfin, si prévenir la violence est indispensable, il faut aussi pouvoir la guérir. C’est le sens de la proposition de loi que je déposerai dans les prochaines semaines pour une meilleure prise en charge des psychotraumatismes. C’est indispensable pour la reconstruction des victimes et pour, là aussi, éviter que dans certains cas, elles ne deviennent auteurs.
Vous l’aurez compris, si la situation s’améliore, nous devons poursuivre nos efforts. Nous le devons aux victimes, qui chaque jour vivent dans la violence et l’horreur, à toutes celles qui se sont senties seules, quelques fois salies ou non-entendues. Par notre action, nous pouvons leur redonner un peu d’espérance. Vous pouvez compter sur mon engagement.