La compétitivité de la Ferme France

Pierre Louault, Sénateur d’Indre-et-Loire et Membre du groupe d’études Agriculture et alimentation

À l’heure où le commerce international de produits agroalimentaires n’a jamais été aussi dynamique, la France est l’un des seuls grands pays agricoles dont les parts de marché reculent : elle est passée de deuxième à cinquième exportateur mondial en vingt ans. Son excédent commercial, en retrait, n’est plus tiré que par l’effet prix des exportations, surtout des vins et spiritueux, et non par les volumes.

En parallèle, les importations alimentaires en France explosent : elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles.

La France, « grenier de l’Europe », est désormais déficitaire avec l’Union européenne en matière alimentaire depuis 2015. Hors vins, elle est même déficitaire avec le monde entier. Plus inquiétant encore : le potentiel productif agricole s’érode d’année en année par une baisse du nombre d’exploitations, une chute de la surface agricole utile en cultures et un plafonnement des rendements.

La productivité de l’agroalimentaire, faute d’investissements suffisants compte tenu de la guerre des prix, est également en berne. Doit-on alors craindre que la France ne soit plus qu’une «puissance agricole moyenne» ?

Deux-tiers de ses pertes de marché proviennent de sa perte de compétitivité. Mise en tension par une plus grande concurrence internationale, la France décroche notamment en raison de :

  • la hausse des charges des producteurs en raison de ses coûts de main d’œuvre, de surtranspositions trop nombreuses, d’une fiscalité trop lourde… ;
  • une productivité en berne liée à des manques d’investissements, principalement dans l’agroalimentaire, et d’un effet taille d’exploitation, la Ferme France ayant choisi un modèle familial loin des pratiques de ses concurrents directs en Europe ;
  • une faible défense par l’État dans les accords de libre-échange ;
  • un climat politico-médiatique qui met en cause un modèle agricole pourtant le plus vertueux du monde, en critiquant par exemple la taille moyenne de nos exploitations, pourtant très inférieure à celles de nos concurrents.