L’agriculture en crise : le désarroi des agriculteurs français

Marc Gaudet, Président du conseil départemental du Loiret et agriculteur (encore) en activité

La France, championne de l’agriculture… C’était le cas il y a quelques décennies ! Cela a commencé au début des années 60, lorsqu’il a été demandé aux agriculteurs français de produire toujours plus, en utilisant des moyens modernes constitués de matériels de plus en plus performants et d’une chimie de plus en plus précise, permettant de garantir une production et une productivité accrues. En quelques années, l’agriculteur français est passé du cheval au tracteur et du blé traditionnel peu productif au blé à haut potentiel. Avec des prix garantis, les agriculteurs des années 60 aux années 80 ont pu investir et moderniser leur mode de vie. Le « cul-terreux » devenait exploitant agricole. Nous n’avons pas à juger de cette évolution qui a sorti nombre de paysans de la misère.

 

Avec l’arrivée de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) dans les années 90, il a fallu raisonner autrement. L’Europe a fait son entrée dans la comptabilité agricole avec des compensations aux baisses de prix…

 

De règlement en règlement, l’Europe a imposé ses critères.

 

Mais aujourd’hui, le principal problème est que notre pays, la France, « sur-réglemente ». La législation européenne ne suffit pas aux yeux de notre administration centrale qui ajoute très souvent des interdictions et des réglementations difficiles à comprendre, parfois extrêmement pesantes et inappropriées pour certains territoires. Il faut pourtant bien comprendre que l’agriculture ne se décrète pas de Paris !

 

Pourquoi encore des jachères imposées alors que nous avons aujourd’hui l’obligation de produire à bon marché ?

 

Des matières actives de produits interdits sur nos cultures reviennent en France par l’importation de denrées alimentaires cultivées en Europe ou en Amérique du Sud.

 

Des règles inégales d’un pays à l’autre, même au sein de l’Union européenne !

 

Il faut vraiment que le législateur français ou l’administration française comprenne que chaque territoire est différent, chaque terroir est unique. C’est dans cette situation que nos agriculteurs ont manifesté partout en France, indiquant que « nous marchons sur la tête ».

 

Combien de suicides supplémentaires faut-il attendre, sachant que c’est la profession la plus touchée ?

 

Quand allons-nous réellement prendre conscience du désarroi de nos agriculteurs ?