Le dispositif des services à la personne n’est pas une variable budgétaire
Alors que des ministres laissent entendre que les crédits d’impôt liés aux services à la personne pourraient être réduits, Jean-Louis Borloo, ancien ministre d’État et fondateur de l’UDI, alerte sur les conséquences d’une telle mesure. Dans une interview à La Tribune Dimanche, il défend la politique qu’il a mise en place il y a 20 ans et qui a profondément transformé ce secteur.
Ministre de l’Emploi de 2004 à 2007), il a posé les fondations d’un véritable modèle économique dans un secteur alors dominé par l’informel. Avant sa loi, les services à la personne étaient peu structurés, souvent exercés au noir, sans reconnaissance ni protection pour les salariés. Grâce à la loi Borloo, le secteur a connu une profonde transformation : création d’emplois déclarés, structuration d’entreprises, développement de centres de formation et reconnaissance des compétences. Aujourd’hui, ce sont 1,2 million d’emplois qui ont été créés, avec 4,4 millions de familles utilisatrices, 500 000 postes supplémentaires attendus dans les années à venir et un chiffre d’affaires supérieur à 20 milliards d’euros. En parallèle, il a renforcé la protection sociale de milliers de travailleurs, souvent précaires, tout en assurant un meilleur service aux bénéficiaires.
Ce dispositif n’est pas un cadeau aux plus aisés, mais un outil populaire, utilisé majoritairement par des familles modestes et porté par une majorité de femmes, des deux côtés : salariées et bénéficiaires ; de plus il a amélioré le quotidien des particuliers : aide aux personnes âgées ou dépendantes, garde d’enfants, soutien scolaire…
La fragilisation de cette politique reviendrait à nier la valeur du travail humain et à affaiblir un des derniers bastions d’emplois non délocalisables, au service des plus fragiles.
Si la nécessité de maîtriser les finances publiques est compréhensible, remettre en cause ce système serait une « folie » (expression de Jean-Louis Borloo). Les effets d’un rabotage seraient en chaîne : retour du travail au noir, hausse des prix pour les usagers, recul du recours à ces services, perte sèche pour les comptes publics, et surtout, une précarisation massive des professionnels du secteur.
Face à ces menaces, notre mouvement réaffirme son attachement à la valeur travail, à la justice sociale et à une vision humaniste de l’économie. Cette fausse bonne idée budgétaire risquerait de faire peser une fois de plus l’effort collectif sur les classes moyennes, tout en mettant à mal un pan entier de notre société. Il ne peut y avoir de redressement économique sans cohésion sociale et sans protection des plus vulnérables.