L’eau en bouteille, une pollution bien visible

Jean-Paul FONTAINE, Conseiller régional des Hauts-de-France, Maire de Lallaing et Vice-président de Douaisis Agglo en charge du cycle de l’eau

En janvier dernier une enquête menée par le Monde et France info révélait que trois grands groupes minéraliers internationaux traitaient, vraisemblablement depuis plusieurs années, les eaux qu’ils commercialisent. La réglementation est pourtant sans équivoque :  l’eau minérale naturelle doit être captée et embouteillée sur le lieu même de la source, sans aucun contact avec l’extérieur.

 

Par ce choix délibéré de la tromperie, ces industriels discréditent en premier lieu leur stratégie marketing d’eaux « plus pures », « plus saine », « meilleures pour la santé », « recommandées pour les nourrissons ». Au-delà de semer encore un peu plus de doute sur la qualité des eaux proposées à la consommation, ils fragilisent également le modèle économique de leurs structures. En effet, pourquoi le client-consommateur paierait-il désormais des eaux minérales embouteillées, à la qualité remise en question, jusqu’à 100 fois plus cher que l’eau du robinet dont le prix moyen est inférieur à 0,5 centime le litre.

 

L’eau du robinet, aliment le plus contrôlé de l’Hexagone, à la qualité microbiologique incontestable[1], s’avère de surcroit vertueuse. Elle ne génère aucune pollution plastique et participe à la lutte contre le changement climatique.

 

En ayant eu recours à des traitements interdits (injection de sulfate de fer, utilisation de charbon actif, d’ultraviolet, microfiltration), ces groupes minéraliers ont fait clairement apparaître l’ampleur de la dégradation de la ressource en eau dans notre pays. C’est peut-être là la leçon que nous devons tirer de ce « Watergate à la française » : les enjeux écologiques à relever, individuellement et collectivement, afin de protéger l’Eau, cette ressource qui nous est vitale et que nous avons tellement fragilisée au fil du temps.

 

Si le milieu naturel sait lutter face à une pollution de faibles proportions par auto-épuration, aujourd’hui les capacités de la nature sont malheureusement insuffisantes pour traiter des pollutions de l’eau à la fois organiques, d’origine naturelle, mais également chimiques, liées à nos activités humaines.

 

Retrouvons le bon sens dans notre rapport à l’eau et les usages que nous en faisons.

[1] https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/2022_qualite_edch_synthese.pdf