L’école de la République face à l’obscurantisme

Karine Franclet, Maire d’Aubervilliers (93) et ancienne Proviseur

Le vendredi 13 octobre 2023, la République française a de nouveau été ébranlée par un acte de terrorisme islamiste. Dominique Bernard, 57 ans, professeur au lycée Gambetta-Carnot à Arras, a été la cible de cette violence inouïe.

 

Samuel Paty, trois ans plus tôt, avait subi le même sort cruel à Conflans-Sainte-Honorine. Je dois le dire aussi, comme il y a trois ans, cet instant est la preuve, s’il en fallait, que notre école est menacée par une radicalité, une intolérance religieuse et une violence inédite.

 

3 ans, jour pour jour, le même ennemi, la même douleur, les mêmes blessures. Cet ennemi, justement, au visage familier marqué par l’intolérance, la haine de l’autre et la violence.

 

Face à cette menace, nos institutions, et notre École particulièrement, tiennent bon. Jamais nous ne nous habituerons à voir un professeur de la République attaqué. Jamais, nous n’accepterons que l’école de la République soit le lieu de l’intolérance. Aucune autre institution n’incarne à ce point la France, notre République, ses valeurs. Nos professeurs sont, et resteront, des défenseurs de l’altérité, des pourfendeurs du sens critique et des serviteurs de la raison.

 

Ces quelques mots de Jean Jaurès résonnent alors en écho : « on n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : on n’enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est ». Chaque jour, les enseignants incarnent et continueront d’incarner les valeurs, chères à notre République, de liberté, d’égalité et de fraternité.

 

J’exprime ici aussi toute ma solidarité avec la famille de Dominique Bernard, ses élèves, ses collègues et tous ceux qui ont été touchés de près ou de loin par cette tragédie. La République se souviendra de lui comme d’un protecteur, d’un exemple et ils incarneront, avec Samuel Paty, les professeurs de tous les élèves de France.

 

En cette période de deuil, l’appel est clair : nous ne nous résoudrons et ne nous soumettrons jamais à l’obscurantisme, et l’école de la République demeurera un lieu d’ouverture, de diversité et d’inclusion. Parce qu’en France, les Lumières ne s’éteignent jamais, et elles éclaireront, pour toujours, l’avenir de notre jeunesse.