L’électricité : une variable d’ajustement pour les comptes publics

Yannick Lucot, Secrétaire national à l’Économie sociale et solidaire, Adjoint au Maire de Moulins et Conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes

En ce début d’année, la conjoncture économique apporte son lot de bonnes nouvelles pour le pouvoir d’achat et la stabilité budgétaire des entreprises, avec un prix de l’électricité en baisse de 30 % sur les six derniers mois. Cette embellie fait suite à deux périodes de majorations tarifaires conséquentes, 15% en février 2023 et 10% en août de la même année. Les répercussions de ces augmentations, couplées à une inflation marquée, ont exercé une forte pression sur le budget des ménages, tandis que le secteur associatif et les entreprises ont vu leur budget et investissement s’amoindrir sous l’effet de ces contraintes économiques.

 

Cependant, cette bonne nouvelle sur l’allègement de coûts de l’électricité est refroidie par une décision gouvernementale d’augmenter significativement la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE). Cette taxe avait été baissée durant la flambée des prix pour atténuer l’impact financier sur les consommateurs. Prévue pour le 1er février, l’augmentation de la taxe de 10% pour les consommateurs et de 6,20% pour les acteurs professionnels pose question quant à sa justification :

  • Pour les ménages, l’impact des difficultés de l’année 2023 reste palpable, avec une pression non négligeable sur leur pouvoir d’achat
  • Pour les entreprises et les associations, elles n’ont pas encore récupéré des hausses précédentes et n’ont pas pu ouvrir les négociations avec leurs fournisseurs d’énergie que cette possibilité s’est refermée.
  • Pour le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui représente aujourd’hui 10% du PIB et 14% des emplois privés, une augmentation fiscale pourrait donc avoir des répercussions profondes, affectant non seulement les structures existantes mais aussi le potentiel de création d’emplois et d’innovation sociale que l’ESS incarne.

 

Il est impératif de souligner que l’inflation a été de 4,9% en 2023 et de 5,2% en 2022 ce qui représente une bascule dans notre économie qui aura encore des conséquences en 2024 d’autant que la situation aux frontières européennes reste conflictuelle.

 

Ainsi, même si la réduction des prix sur le marché peut paraître prometteuse, les implications fiscales risquent de maintenir les prix de l’énergie à un niveau élevé pour les consommateurs. La mise en place de mesures de sauvegarde ou de stagnation fiscale pour les ménages éprouvés, ainsi que pour les TPE, les PME et les associations, devient une nécessité pour préserver le tissu économique et social face à ces nouveaux défis énergétiques et fiscaux.