Les chantiers de l’agriculture

Franck Ménonville, Sénateur de la Meuse et agriculteur

 

C’est sur fond de tension que s’est ouverte cette 60e édition du Salon International de l’Agriculture. Vitrine incontournable de nos savoir-faire, c’est un lieu privilégié d’échanges riches.

 

En tant que Vice-président de la Commission des affaires économiques du Sénat et Président de la fédération UDI de la Meuse, je suis très préoccupé par la situation de notre agriculture.

Depuis des années, nous perdons des positions tant au niveau national qu’international. Nous importons 2,2 fois plus qu’en 2000 et nous exportons de moins en moins ; nous sommes le 6e exportateur mondial contre second il y a 20 ans. Par ailleurs, notre déficit commercial se creuse pour atteindre des records historiques. Nous décrochons en matière de capacités productives, c’est le résultat de nos dépendances accrues et de la baisse de notre compétitivité.

 

Les dernières annonces du Premier ministre ne sont pas à la hauteur des enjeux et des attentes. De nombreux sujets restent en suspens, notamment en matière de simplification administrative et de redressement de la compétitivité.

 

Notre agriculture a besoin d’un nouvel élan, trois chantiers sont prioritaires. Tout d’abord, il faut faciliter la transmission des exploitations agricoles car il n’y a pas d’avenir sans renouvellement des générations. Des dispositifs d’accompagnement de fin de carrière et des incitations fiscales doivent notamment être mis en place.

 

Ensuite, nous devons faire de la souveraineté alimentaire un intérêt fondamental de la Nation afin que notre agriculture ne soit pas soumise et sacrifiée face aux injonctions contradictoires permanentes d’autres politiques publiques. Nous devons également veiller à ce que les lois EGALIM soient strictement appliquées ; les contrôles des pratiques de la grande distribution doivent aussi être renforcés.

 

Enfin, notre agriculture doit gagner en compétitivité. Depuis 20 ans, elle s’est attachée à répondre aux attentes sociétales et environnementales sans pour autant bénéficier des moyens de demeurer compétitive. Un choc de simplification doit impérativement être opéré et une pause dans la prolifération normative. Nous devons ambitionner de faire de notre agriculture un outil de souveraineté alimentaire national et européen mais aussi une force exportatrice et créatrice de richesses.