Les enjeux de la rémunération : vers une approche plus juste et équilibrée

Fanny PICARD, Secrétaire générale adjointe de l’UDI Jeunes, Conseillère municipale d’Orléans et Juriste en droit social

 

À l’heure où le pouvoir d’achat des Français devrait être la première préoccupation de l’État, la mécanique des rémunérations est grippée, entraînant de lourdes conséquences sur les salaires et les conditions de travail. Plusieurs constats :

  1. Absence de négociation dans de nombreuses conventions collectives : En France, les conventions collectives rassemblent les syndicats de salariés et les syndicats patronaux pour discuter des conditions de travail et des rémunérations en fonction de la classification des salariés. Cependant, certaines branches ne négocient pas à cause de désaccords entre les syndicats, ce qui conduit à des rémunérations stagnantes.
  2. Augmentations fréquentes du SMIC : Pour remédier à ce problème, le gouvernement a augmenté le SMIC à 6 reprises entre 2021 et 2022. Ces hausses ont conduit à un rattrapage des minima conventionnels, créant ainsi des situations d’injustice et de tension entre les salariés. Le chef d’entreprise se retrouve alors pris en otage entre un SMIC élevé et l’impossibilité matérielle d’augmenter tous ses salariés.

Solutions proposées : Pour résoudre ces problèmes, il est suggéré de rendre les négociations au niveau de la branche plus régulières et de limiter les augmentations rapides du SMIC. Le ministre du travail pourrait élargir le domaine d’une convention collective pour inclure les branches qui ne négocient pas. Des fusions de conventions collectives pourraient également être envisagées pour stimuler les négociations. L’objectif est de répartir les augmentations salariales de manière plus équitable entre les différentes classifications de salariés.

De plus, il serait judicieux de s’inspirer de modèles étrangers. Au Danemark, le taux de syndicalisation est élevé grâce à la culture conventionnelle, à la faible intervention de l’État et aux services offerts par les syndicats. Ce modèle offre une meilleure plateforme pour les négociations salariales. 70 % des salariés danois étaient syndiqués en 2021, contre 10 % en France à la même période dans le secteur privé.

Enfin, le système d’exonération de charges en France peut figer les faibles rémunérations, tandis que les aides de l’État pour les faibles revenus disparaissent brusquement en cas de dépassement des seuils. Il est nécessaire de réformer ces mécanismes pour soutenir les salariés à faibles revenus.