Les raisons de la colère en Nouvelle-Calédonie

Éric Hélard, Secrétaire national UDI aux Outre-mer

 

Qu’est-ce que le « dégel du corps électoral » ?

Depuis une réforme constitutionnelle de 2007, les listes électorales pour les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie sont gelées à leur état de 1998. Elles ne sont pas révisées chaque année, comme c’est le cas pour les autres élections (présidentielle, législatives, européennes). Cette règle limite le droit de vote aux personnes qui vivaient sur le Caillou avant 1998, excluant de fait les nouveaux arrivants, soit environ 20 % de la population.

 

Quel le point d’accrochage ?

Le gouvernement a déposé un projet de loi constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral à partir du 1er juillet 2024, en y intégrant les citoyens nés sur place ou y résidant depuis au moins dix ans. Cette réforme vise à réintégrer 25 000 personnes à ces listes électorales spéciales, sur un total de 42 596 résidents qui en sont aujourd’hui exclus. Approuvé par le Sénat le 2 avril et par l’Assemblée nationale le 13 mai, le texte, pour être définitivement adopté, doit encore recueillir l’adhésion des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Le Président de la République avait laissé entendre que le Congrès serait réuni avant la fin du mois de juin.

 

Quel en est l’impact localement ?

Ce processus parlementaire a provoqué une vive contestation de la branche radicale des indépendantistes qui craignent la dilution de leur poids électoral. L’enjeu est de taille, car de ces élections territoriales découlent la composition des trois assemblées territoriales, du congrès et du gouvernement calédonien. La situation a dégénéré et les manifestations ont laissé place depuis la mi-mai à des émeutes et à des exactions avec des pertes humaines et des dégâts économiques et sociaux colossaux. L’état d’urgence a été décrété, mais pas prolongé par le Président de la République.

 

Pourquoi la classe politique et médiatique en appelle aux Premiers ministres ?

Historiquement, depuis Michel Rocard en 1988, signataire des accords de Matignon, et Lionel Jospin, signataire de l’accord de Nouméa en 1998, la gestion du dossier calédonien a toujours été une affaire de Premier ministre. Cependant, depuis 2020, après le départ d’Édouard Philippe, la responsabilité a été transférée au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. Face à la gravité de la crise actuelle, le Premier ministre a été contraint de reprendre en main le dossier, collaborant étroitement avec le Président de la République, qui est actuellement sur place, pour tenter de restaurer la paix et la stabilité.