M. le Président,

laissez-nous faire 

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« La loi m’empêche d’aider, d’intervenir, de faire du sur-mesure pour les entreprises face au plus gros choc économique de l’histoire, interpelle l’élu local dans un courrier au chef de l’Etat. Est-ce concevable que les millions d’euros soient présents mais que je ne sois pas en mesure de les donner à ceux qui le demandent ? »

Alors que les collectivités locales constatent chaque jour les carences de l’Etat dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus, Olivier Richefou, président UDI du conseil départemental de la Mayenne, a adressé cette semaine une lettre au président Emmanuel Macron, dans laquelle il regrette que « l’Etat se prive aujourd’hui d’un acteur incontournable dans l’économie », les départements. 

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Monsieur le Président de la République,

La crise sanitaire inédite que nous vivons a balayé nos certitudes, nos quotidiens, notre organisation, et en est venue même à atteindre nos libertés pour la santé de tous. Cette crise a mis en lumière nos défaillances et nos forces. Et comme vous l’avez fait le 13 avril, je ne peux que saluer l’engagement sans faille de ces femmes et de ces hommes qui se lèvent tous les jours pour nous protéger et assurer la continuité des services indispensables au pays. Je le salue et le mesure chaque jour dans mon territoire, la Mayenne.

Cette crise se traduit également par une mobilisation bénévole exceptionnelle, preuve de la solidarité qui nous anime tous. Je suis fier des 6000 bénévoles Mayennais prêts à distribuer les masques barrières du Conseil départemental pour toute la population aux côtés de leurs élus municipaux, je suis fier des pompiers prêts à faire le tour du département pour approvisionner autant que besoin l’ensemble des EHPAD, je suis fier de ce directeur d’une grande enseigne prêt à laisser son bureau pour permettre aux femmes victimes de violences d’être aidées, je suis fier de toutes les initiatives prises sur mon territoire pour rendre le quotidien des personnes vulnérables plus simple. En d’autres termes, je suis fier des Mayennais. 

Alors que notre système de santé fait face au plus grand défi du siècle, que nous maintenons notre économie, nos entreprises et nos emplois en réanimation grâce aux mesures exceptionnelles qu’a pris le Gouvernement et que je salue, je pense à ces « Jours Heureux » que vous avez évoqués. Est-ce trop tôt? Je ne pense pas, car si ces Jours Heureux ne s’inspirent pas de ce que nous vivons maintenant, ils n’auront rien d’heureux. Si cette crise a montré quelque chose, c’est bien que l’Etat central ne peut fonctionner sans les collectivités.

Nous avons besoin d’un Etat-stratège à même de fixer les grandes orientations et des règles précises. Pour le reste, Monsieur le Président laissez-nous faire. 

Nous savons agir vite et fort dans la plus grande agilité possible pour répondre aux préoccupations de nos territoires. Combien d’heures de réunions et de textes faut-il à l’Etat central pour organiser une commande et une distribution de masques ? Moi, pour mon département, grâce à ma connaissance des acteurs de la Mayenne j’ai pu le faire en 2 jours. Vous êtes en gestion de crise, nous vivons la crise tous les jours. Nous sommes en mesure de comprendre, d’expliquer et d’aider nos populations, car tous nos choix ne sont guidés que par cela : servir les intérêts de nos populations et assurer leur sécurité.

Les partisans de la suppression des départements souhaitent-ils encore réduire le « millefeuille institutionnel » ? Je ne pense pas. Entre de grandes régions stratèges et nos communes/intercommunalités, il faut préserver et renforcer l’échelon intermédiaire qu’est le Département pour assurer les solidarités certes, la loi le prévoit, mais pas que. 

Cela fait deux ans que nous appelons à repenser la loi NOTRe qui a désigné les régions comme cheffes de file du développement économique, nous travaillons en bonne intelligence avec les régions par le moyen de délégation. Mais pouvez-vous entendre aujourd’hui que la loi m’empêche d’aider, d’intervenir, de faire du sur-mesure pour toutes les entreprises de mon territoire même les plus petites qui font face au plus gros choc économique de l’histoire? Est-ce concevable que les millions d’euros soient présents mais que je ne sois pas en mesure de les donner à ceux qui le demandent ? Je ne pense pas. 

L’Etat se prive d’un acteur incontournable dans l’économie, nous les départements, nous, cet échelon intermédiaire qui connaissons toutes nos entreprises, sommes relayés au rang de spectateur dans le plus grand combat que mènera l’Etat durant la relance. 

Nous ne devons pas être une variable d’ajustement dans la relance, nous devons être l’outil privilégié pour la porter dans nos territoires, expliquer les politiques publiques, faire remonter les inquiétudes de nos populations, gérer leurs urgences.

Il y a 6 ans, on rêvait de nous supprimer, aujourd’hui, osez nous renforcer, nous saurons être à la hauteur du combat à venir. 

Si j’ai bien une certitude dans cette période, Monsieur le Président, c’est que sans département, il n’y aura pas de Jours Heureux. 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma haute considération

 

Olivier RICHEFOU

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