Maire : beaucoup de devoirs, mais peu de droits

Benjamin Dumortier, Maire de Cysoing (59) et membre de l’Association des Petites Villes de France

 

Alors que les prochaines élections municipales se dérouleront dans moins de neuf mois, il était vraiment plus que temps que l’Assemblée nationale se saisisse enfin de la proposition de loi : portant création d’un statut de l’élu local. Tout est dit dans l’intitulé de cette proposition de loi.

Élu maire à 24 ans à 2001, j’ai le recul nécessaire pour affirmer qu’en dépit des avancées timides de ces vingt dernières années, il n’existe pas à ce jour de statut de l’élu local digne de ce nom.

 

L’Association des petites villes de France (APVF) dont je suis membre des instances dirigeantes n’a pourtant pas ménagé ses efforts depuis de nombreuses années pour inciter les gouvernements et les parlementaires à avancer concrètement sur ce sujet. Ce n’était jamais le bon moment. L’APVF a ainsi présenté un certain nombre de propositions visant à moderniser les conditions d’exercice du mandat local. Car qui peut nier que la fonction élective locale, celle de maire tout particulièrement, n’a cessé de se complexifier toutes ces dernières années : complexité administrative, inflation normative, diminution de l’autonomie fiscale des collectivités locales, contexte budgétaire et financier de plus en plus contraint, responsabilité pénale, réunions chronophages, violence envers les élus… de quoi décourager bien des vocations ou inciter de nombreux Maires à lâcher prise et ne pas se représenter.

 

Alors il s’agit d’éviter un « grand gâchis démocratique » en poussant le droit à la formation, en valorisant le formidable acquis d’expériences que représente l’exercice d’un mandat local, en un mot de faciliter la conciliation d’un mandat avec la vie professionnelle et personnelle et de favoriser les réinsertions.

 

Il ne s’agit pas seulement de mieux soutenir les élus en place dans l’exercice de leur fonction, il s’agit aussi de ne pas dissuader ceux qui envisageraient de se porter candidat. Nous avons besoin de plus de femmes, de plus de jeunes et d’avoir une plus grande diversification professionnelle dans nos conseils municipaux. Un statut de l’élu n’est pas un privilège. Il s’agit d’inciter le plus grand nombre à s’engager dans la vie locale et de leur garantir les moyens de servir.