Octobre morose

Martine Ollié, Secrétaire nationale à la Santé environnementale et Président de Femmes au Centre

Deux fois plus de cancers en France par rapport à 1990. Notre pays se situe au 4e rang mondial pour le cancer du sein, et l’Île-de-France au 1er !

Chaque mois d’octobre, les rubans roses fleurissent sur les photos de profil. Si ce mouvement international de sensibilisation au cancer du sein est devenu très populaire, son impact effectif sur un recul de la maladie reste à démontrer, et les bénéficiaires des levées de fonds restent méconnus du grand public.

Si l’accent est mis sur le dépistage, la prévention demeure la grande absente de cette opération !

Il n’est pas question ici de remettre en cause les avantages de traiter une maladie au tout début de son évolution. Cependant, prévenir la maladie, c’est éviter de la développer, d’autant plus que malgré l’évolution des traitements, ceux-ci ne sont ni infaillibles ni dépourvus d’effets secondaires lourds.

Le coût des traitements des cancers du sein en France est estimé à 3,2 milliards d’euros par an, soit 10 % des dépenses de l’Assurance maladie, constitué à 60 % par les traitements et à 40 % par les actes médicaux et l’accompagnement des patients.

L’OMS prévoit un marché mondial des médicaments anti-cancéreux de 178,8 milliards de dollars en 2027. Les 10 principaux producteurs ont généré un chiffre d’affaires de 112,4 milliards de dollars en 2022 (source : IQVIA).

D’autre part, les ventes de produits cosmétiques liés à Octobre Rose ont atteint 1,5 milliard de dollars en 2022. Les séries limitées « PINK » représentent environ 2 % des ventes totales de l’industrie cosmétique. Ainsi, nous pouvons constater l’instrumentalisation d’un thème de santé publique à des fins de communication et de marketing. Les données concernant le pourcentage des bénéfices reversés demeurent très opaques.

 On nous maintient dans l’idée que les cancers sont une fatalité, alors qu’ils sont, dans la majorité des cas, provoqués par des toxiques présents dans notre air, notre eau, nos modes de consommation alimentaire ou cosmétique, ou d’autres expositions aux substances chimiques, comme les pesticides ou les solvants.

 Malgré les moyens alloués à la recherche de traitements, le cancer n’est pas éradiqué. Nous devons nous interroger sur les causes de cette épidémie et accorder plus d’importance aux causes environnementales et à la prévention dans nos politiques de santé publique.