Proche et Moyen-Orient, que peut faire la France ?

Laurent Mazaury, Député des Yvelines, membre de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale et Conseiller municipal d’Élancourt

Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant violent dans l’histoire du Proche-Orient, avec une attaque terroriste du Hamas contre Israël, causant 1 188 morts, 4 834 blessés et 251 otages, dont 42 compatriotes français. Ces actes sont inexcusables.

Le Premier ministre israélien a lui-même évoqué l’émergence d’un « nouveau Moyen-Orient », soulignant une recomposition régionale rapide. La France, en tant que puissance d’équilibre, doit adopter des positions lucides, sans s’engager dans la belligérance, ses intérêts vitaux n’ayant pas été directement menacés.

 

Le devoir immédiat de la France est l’assistance consulaire à ses compatriotes.

 

Le Moyen-Orient est aujourd’hui dévasté :

 

  • Gaza est un champ de ruines, symbole d’un échec international, avec un désastre humanitaire immense et des dizaines de milliers de morts. Une impasse politique totale y règne, avec le Hamas, l’extrême droite israélienne et une Autorité palestinienne corrompue et sans légitimité.
  • Le Liban est en agonie politique, économique et institutionnelle, son peuple subissant le pillage de son avenir. Le Hezbollah, cependant, est en train de s’effondrer sous les opérations israéliennes, ouvrant une fenêtre historique pour la refondation du pays.
  • La Syrie sort de la domination d’un régime sanguinaire. La chute de Bachar el-Assad est favorable, mais le dialogue avec les nouvelles autorités doit être prudent et basé sur la protection des minorités et la lutte antiterroriste, notamment la question des djihadistes français.
  • L’Iran a longtemps mené la communauté internationale par le bout du nez, violant le droit international avec son programme nucléaire militaire et finançant le terrorisme, tout en pratiquant la « diplomatie des otages ». Le régime des mollahs vacille et l’Iran est affaibli, ce qui est « synonyme d’oxygène » pour les pays fragiles de la région.
  • Au Yémen, la guerre civile est la norme, avec un grand drame humanitaire. Les Houthis sont considérablement affaiblis par les bombardements israéliens et occidentaux en mer Rouge.
  • Le Golfe est un point de stabilité fragile, mais réel.

 

Face à cette situation, la France doit proposer une stratégie pour la paix au Moyen-Orient axée sur plusieurs « chantiers » :

 

  • Gaza : La France doit pousser pour un accord global de libération de tous les otages en échange d’un arrêt définitif des combats, en rassemblant Européens, Américains et pays arabes.
  • Liban : Contribuer activement à la marginalisation du Hezbollah en renforçant l’État libanais et son armée, en particulier la Force Daman.
  • Iran et Yémen : L’affaiblissement de l’Iran est le moment de renforcer les exigences, notamment sur le renoncement strict au nucléaire et la libération des otages français. La France doit déployer des moyens navals conséquents dans les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb, menacés par l’Iran et ses proxies, et le sujet Houthi doit être traité définitivement.
  • Sécurité collective dans le Golfe : Renforcer la présence militaire française aux Émirats et relancer une initiative franco-saoudienne. Cette initiative vise la cessation de la guerre israélo-palestinienne, le désarmement des groupes terroristes, la reconnaissance de l’État palestinien, l’élargissement des accords d’Abraham et la constitution d’un axe occident-régional de lutte contre le terrorisme et pour le développement.

 

Je tiens à souligner l’incapacité de la Russie et de la Chine à influencer les événements régionaux. J’insiste sur l’interconnexion des conflits, notamment entre le Moyen-Orient et l’Ukraine, l’Iran ayant exporté sa technologie de drones et missiles à la Russie.

 

Œuvrer pour la stabilité du Moyen-Orient permet ainsi à l’Europe de mieux se défendre. La France a les moyens et le devoir d’être une puissance de lien et de paix, ferme sur ses principes et active dans ses alliances.