Salon de l’Agriculture 2025 : entre optimisme et défis persistants

Joël Balandraud, Maire d’Evron, Vice-Président du Conseil départemental de la Mayenne, Président de l’Association des Maires de la Mayenne et Vétérinaire rural

 

Les salons se suivent et ne se ressemblent pas. Si le Salon de l’Agriculture 2024 fut marqué par de violents affrontements qui ont durablement marqué nos souvenirs ainsi que ceux des agriculteurs présents, cette année tout semble mieux se dérouler. Le climat se détend et les raisons en sont multiples.

Le gouvernement a franchi une étape importante en publiant enfin un texte de loi qui concrétise les promesses souvent reportées pour des raisons d’instabilité gouvernementale. Ces avancées contentent certains mais pas tous ; l’allègement annoncé des procédures et la détente sur le volet environnemental rassurent quelque peu. En fait, indépendamment du fond des mesures, qui ne se manifeste pas immédiatement dans les fermes, les éleveurs se sentent surtout un peu mieux considérés.

 

Mais la véritable nouveauté de cette année réside dans la bonne santé de l’élevage : les prix sont extrêmement soutenus, les acheteurs sont nombreux et la demande en viande française est forte, entraînant une hausse des prix, à l’instar de ceux du lait. Les acheteurs sont littéralement dans les cours des fermes ! En bref, ce début d’année est propice à la reconstitution de la trésorerie. La décapitalisation du cheptel a rendu la production française plus recherchée… Les outils industriels nécessitent des matières premières indépendamment. Les éleveurs envisagent d’investir, par exemple dans des robots de traite ou la production d’énergie photovoltaïque.

 

On en oublierait presque les élections des Chambres d’agriculture. Bien que ces dernières n’aient pas encore révélé toutes leurs conséquences – les bureaux s’installant d’ici fin février à mars – elles ont conduit à une mutation importante du paysage syndical. La Coordination Rurale (CR) gagne du terrain, notamment dans les zones agricoles les plus en difficulté du sud-ouest de la France. Certains commentent aussi le taux de participation au vote, qui varie de 30 à 40 % selon les lieux, avec certaines majorités obtenues à quelques voix près. Ceux qui n’ont pas voté pourraient avoir des regrets. Bien plus vindicative et radicalisée que la FNSEA, certains diraient même extrême-droitisée, la CR renforce ses positions tout en restant globalement minoritaire. De quoi préparer des lendemains qui déchantent pour les « bonnets jaunes » de l’agriculture… Affaire à suivre.