Transition démographique : un nouveau défi pour les maires

Marylène Millet, Maire de Saint-Genis-Laval, Conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes et responsable en Ehpad

 

Si l’on devait retenir un seul chiffre du deuxième baromètre santé-social édité par la Mutualité française en partenariat avec l’Association des Maires de France, ce serait le taux d’équipement en établissements pour personnes âgées qui s’établit à 114,8 places pour 1 000 personnes de plus de 75 ans fin 2021, contre 124,3 en 2019, alors que nous savons que la population vieillit.

 

En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans, et pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.

 

Parallèlement, rappelons que 85 % des EHPAD publics sont en déficit… Beaucoup de maires, à l’instar de leurs homologues bretons, refusent de combler ces déficits qui ne cessent de se creuser, du fait de l’explosion des coûts de l’énergie et de la recrudescence du recours à l’intérim. Difficultés de trésorerie, crise énergétique, problèmes aigus de recrutement, réflexion structurelle sur le financement des EHPAD sont autant de défis qui vont bien au-delà d’un nécessaire soutien financier conjoncturel.

 

La loi Grand âge et son accompagnement financier sont vivement attendus par les maires, mais aussi par les représentants des associations et acteurs du grand âge. Car oui, ces derniers sont les acteurs centraux de cette politique du Grand âge.

 

Accompagner le vieillissement à domicile nécessite un réel travail sur la valorisation des métiers du soin, mais aussi la lutte contre l’isolement. Les Petits Frères des Pauvres nous alertent sur les 530 000 personnes en France en situation de mort sociale.

 

Oui, les maires ont des idées, oui, les maires sont force de propositions et d’actions : projets d’habitat inclusif, création d’une plateforme solidaire intergénérationnelle conçue par le conseil des aînés de ma commune de Saint-Genis-Laval, par exemple. Plus que jamais, les élus de terrain veulent que l’État leur accorde le droit à l’expérimentation.

 

Mais cela ne suffira pas. Un véritable accompagnement financier est indispensable pour que cette stratégie du « Bien Vieillir » ne devienne pas une nouvelle promesse en l’air. Nous ne pouvons plus attendre, à l’heure où un habitant sur trois aura plus de 60 ans en 2030…