Une fragilisation continue de la fonction, mais des maires engagés et attachés à leur fonction
Catherine Lhéritier, Maire de Valloire-sur-Cisse (41), Vice-présidente du conseil départemental de Loir-et-Cher et Présidente de l’Association des Maires de Loir-et-Cher
L’engagement, ADN des élus locaux, est mis à rude épreuve par un mandat marqué par des crises successives (pandémie, émeutes, catastrophes naturelles) et des contraintes administratives et financières croissantes imposées par l’État.
Une étude conduite par Martial Foucault dénombre 2 189 départs volontaires expliqués pour l’essentiel des tensions politiques, entre 2020 et mars 2025, soit plus d’une démission par jour. En trois mandats, ce phénomène a été multiplié par quatre mettant en lumière la fragilisation continue de la fonction. 53% des démissionnaires étaient de nouveaux maires, soulignant une forme de désillusion politique rapide. L’accroissement des agressions (32 % entre 2021 et 2022) est préoccupant et participe à un climat anxiogène. Malgré ces constats, les maires restent résilients et attachés à leur fonction, qu’ils jugent source de satisfaction malgré sa pénibilité.
Des études récentes ont mis en lumière la charge de travail (32 heures/semaine en moyenne) et l’insuffisance des indemnités, incitant 20 000 maires à conserver une activité professionnelle parallèle. Face à ce constat, des propositions d’amélioration des conditions d’exercice des mandats sont formulées par l’Association des Maires de France, incluant la hausse des indemnités, le renforcement des droits sociaux, la conciliation vie professionnelle/mandat et la valorisation des compétences acquises. Une proposition de loi sénatoriale, reprenant ces mesures, vise à encourager les vocations et renforcer la protection des élus. Au final, la dernière étude de Martial Foucault révèle que la proportion des maires qui se représenteront en 2026 est proche de celle constatée lors du précédent mandat.
Pour une véritable république décentralisée, il est essentiel de renforcer la place des communes, de donner aux élus les moyens d’agir et de disposer de ressources propres. Il faut confier davantage de compétences aux collectivités locales, avec des lois concises et un large pouvoir réglementaire. Il est crucial de retrouver l’autonomie financière et le dialogue politique, et de transformer la méfiance de l’État en confiance envers la fonction municipale. Les 500 000 élus locaux, majoritairement bénévoles, sont indispensables à la cohésion de notre pays, et les communes sont des piliers de la relance économique et de la démocratie.