Vers un nouveau triangle de Weimar ?
Daniel Leca, Vice-président de la région Hauts-de-France en charge de l’Europe, Président du groupe UDI au Conseil régional, Président de la commission déléguée Europe de Régions de France, Conseiller municipal et communautaire de Compiègne et Vice-président de l’UDI
L’élection de Friedrich Merz à la chancellerie allemande, dans un contexte de fortes tensions politiques et économiques, marque un tournant décisif non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’Europe.
En choisissant la France pour son premier déplacement officiel, le nouveau chancelier a envoyé un signal clair : la relance du couple franco-allemand sera au cœur de son action. Il a réaffirmé à plusieurs reprises la nécessité d’une Europe forte, souveraine et capable de se défendre, alors que le monde devient plus instable et que les États-Unis, sous l’influence de Donald Trump, s’éloignent de l’idée d’un partenariat transatlantique équilibré.
Cette dynamique nouvelle coïncide avec le retour de la Pologne sur la scène européenne, sous l’impulsion de Donald Tusk. Ancien président du Conseil européen, celui-ci inscrit désormais Varsovie dans une logique de coopération ambitieuse, constructive et solidaire. Ces trois pays fondateurs du triangle de Weimar, créé en 1991 pour rapprocher la France, l’Allemagne et la Pologne, portent aujourd’hui une responsabilité historique : redonner à l’Europe un cap, une force politique et une voix dans le concert des nations.
Certes, les défis intérieurs restent considérables, à Berlin comme à Paris ou à Varsovie : crise du pouvoir d’achat, désindustrialisation, immigration, défiance démocratique… Nos sociétés doutent. Mais c’est justement dans ces moments d’incertitude que naissent les grandes impulsions politiques. L’unité européenne n’est plus une option diplomatique : elle est devenue une nécessité stratégique.
Merz, Macron, Tusk : trois Européens convaincus, trois dirigeants lucides face aux menaces qui pèsent sur notre continent, trois voix capables d’entraîner un sursaut commun. Et si l’heure était venue de réactiver, en l’adaptant aux enjeux du XXIe siècle, le triangle de Weimar ? Pour porter une politique étrangère commune, relancer l’économie verte et numérique, défendre nos valeurs et nos frontières dans une Europe de la défense repensée. L’Europe a besoin de courage politique.
L’élan semble là. Saurons-nous en profiter ?