Budget européen : des progrès, des déceptions, et encore beaucoup d’inconnues
Valérie Devaux, Députée européenne et Conseillère départementale de la Somme
La Commission européenne a présenté sa proposition de budget pluriannuel de l’Union pour la période 2028–2034, avec un montant total de 1 717 milliards d’euros. C’est plus que le budget précédent (environ 1 200 milliards) et c’est une bonne chose. À titre de comparaison, cela correspond au budget annuel du Danemark, alors que l’Union européenne (UE) compte 75 fois plus d’habitants.
La proposition dévoilée le 16 juillet méritera une analyse approfondie, rendue particulièrement indispensable par le changement d’architecture qui complique les comparaisons avec les précédents exercices budgétaires.
En effet, et malgré les fortes réticences du Parlement européen, la Commission propose de regrouper plusieurs politiques (politique agricole commune, cohésion, social, sécurité, compétitivité…) dans un fonds unique, distribué aux États membres selon 27 plans nationaux. Nous considérons que le budget européen ne doit pas devenir une enveloppe supplémentaire pour les États membres, mais soutenir des politiques structurelles à dimension européenne, assorti d’un contrôle démocratique par le Parlement européen. Nous serons particulièrement vigilants sur la politique agricole commune (PAC) car les coupes proposées sont inacceptables. Il en va de l’avenir de nos agriculteurs et de notre souveraineté alimentaire.
Cette proposition marque des avancées sur la compétitivité avec un fonds dédié qui inclut une préférence européenne. C’est essentiel pour renforcer notre industrie et notre défense.
Autre point positif : la Commission propose de conditionner l’accès aux fonds européens au respect des valeurs de l’UE définies dans les traités. Quand un gouvernement s’en éloigne, et je pense notamment à la Hongrie de Victor Orbán, l’Union doit pouvoir réagir.
Nous nous félicitons aussi de l’introduction de nouvelles ressources propres, car l’Europe ne peut plus dépendre uniquement des contributions des États membres. Un budget européen doit avoir des ressources européennes.
Cette présentation n’est qu’une première étape. Nous serons pleinement engagés dans les négociations budgétaires, qui devraient durer deux ans, pour le rendre plus clair, plus juste, et plus ambitieux.
