Finances locales : la grande inquiétude
Philippe Laurent, maire de Sceaux et membre du Comité des finances locales
La réunion du 22 juillet du Comité des finances locales, instance créée en 1979, composée de représentants des exécutifs locaux, de parlementaires et de membres de l’administration centrale, chargée de veiller aux intérêts financiers des collectivités locales, a été l’occasion :
- d’une part de dresser le constat d’une dégradation globale en cours des équilibres financiers des collectivités, malgré une très grande diversité des situations, et
- d’autre part, de manifester une grande inquiétude quant aux perspectives d’avenir résultant de la présentation par le Premier ministre, le 15 juillet, des lignes budgétaires pour 2026.
Les élus présents ont exprimé une forme d’incompréhension devant la stratégie retenue, qui ne prend absolument pas en compte le rôle très important d’investisseur public des collectivités en France. L’impact des mesures envisagées par le Gouvernement, qui est plus proche de 10 milliards (nouvelles dépenses imposées et réductions de recettes) que des 5,3 annoncés, sera majeur sur la capacité d’autofinancement, déjà mise à mal depuis deux ans notamment dans les départements, et donc sur les possibilités d’investir. Or, ce rôle d’investisseur des collectivités est essentiel pour la mise en œuvre de la transition énergétique et écologique, et présente un caractère contra-cyclique qui pourrait éviter la récession. Sans compter que ces ponctions pourraient également conduire dans certaines collectivités à un grave recul des services publics locaux du quotidien, faute de moyens suffisants pour continuer à les faire fonctionner. Ce sont alors les habitants, et notamment les familles modestes, qui verraient leurs conditions de vie se dégrader.
Les collectivités locales sont des acteurs publics de premier plan et doivent être reconnues comme telles par le pouvoir central. Celui-ci doit les considérer comme des alliées, et non comme des sous-traitantes. Il est temps de bâtir une stratégie commune et pluri-annuelle permettant aux communes, départements et régions de jouer pleinement leur rôle dans le redressement du pays, en leur accordant une vraie autonomie financière et fiscale, plutôt que les considérer comme des acteurs de second ordre dont le pays pourrait se passer. Les pays qui réussissent le mieux à assurer la prospérité et le bonheur de leur peuple sont ceux où les pouvoirs publics sont fortement décentralisés.
