Et si l’assurance-vie protégeait aussi notre patrimoine culturel ?
Nicolas Breton, Auteur de “La protection du patrimoine par l’assurance” et membre de la fédération UDI de Paris
Par son allocution présidentielle du 5 mars 2025, le Président de la République, nous a invités à réfléchir à une (ré)allocation d’une partie de notre épargne privée vers le financement de l’effort de réarmement.
Le mardi 15 juillet 2025, le Premier ministre François Bayrou a présenté un budget pour juguler l’inflation de notre dette nationale et a présenté une partie des choix que devront faire les Français pour maintenir la trajectoire financière de notre pays.
Ce contexte de désengagement progressif de l’État s’inscrit dans une réalité préoccupante : notre patrimoine historique est en danger. Les effets du réchauffement climatique s’ajoutent à la contraction des financements publics, accentuant la vulnérabilité de nos monuments. Les exemples sont nombreux et alarmants.
Quelques exemples parlants, le Louvre se fissure de toutes parts, de fortes pluies causent des effondrements, ou des sécheresses provoquent des retraits-gonflements d’argile, les mêmes causes produisent les mêmes effets pour les douves des châteaux asséchées qui mettent en péril les pilotis de châteaux construits sur la Loire comme l’emblématique et mondialement connu château de Chambord.
Le patrimoine historique privé sera probablement confronté à une baisse des subventions publiques à l’avenir. Les châteaux publics et les églises communales seront confrontés aux baisses des dotations publiques également.
Le recours à des financements privés devient donc incontournable, celui-ci repose sur plusieurs leviers. Traditionnellement, le mécénat constitue un pilier du financement patrimonial. Cependant son potentiel trouvera sa limite dans les efforts budgétaires demandés et l’appétence des citoyens a donné dans un contexte de baisse de pouvoir d’achat continu. Les grandes masses financières reposent donc sur l’assurance dite IARD et l’assurance-vie. L’assurance IARD est une assurance en crise en raison de la hausse de la sinistralité mondiale due au réchauffement climatique. Comme pour les collectivités territoriales, elles sont confrontées à une hausse de leurs cotisations pour cette raison et pour cause d’émeutes populaires.
Intéressons-nous donc plus particulièrement au financement de notre patrimoine historique par l’assurance-vie, placement préféré des Français, dont le volume dépasse les 2 000 milliards d’euros en 2025 pour une collecte annuelle d’environ 29,4 milliards d’euros en 20241.
Voici plusieurs solutions permettant de financer le patrimoine historique par l’assurance-vie :
- La création d’une clause bénéficiaire conditionnée au financement des travaux sur nos monuments historiques, le coût des travaux étant la dépense première des propriétaires de patrimoine2. Cette clause a été publiée dans une revue juridique à l’attention des notaires3,
- La création d’un fonds euro patrimoine historique avec partage des intérêts4,
- La création d’un fonds spécifique à l’image des SOFICA pour le cinéma,
- L’utilisation des fonds liés à la déshérence,
- Écrêter 1 par centimes restants, de chaque versement, frais, rachat, arbitrage (acte de gestion classique),
- La création d’une assurance-vie spécifique distribuée uniquement par quelques compagnies sur le modèle de la RMC – Rente Mutualiste du Combattant, et la création d’un livret culturel comme le livret A.
Notre patrimoine n’est pas seulement un héritage matériel : c’est un lien vivant entre les générations, un marqueur de notre identité et un atout pour notre attractivité culturelle et économique. Châteaux, églises, musées et monuments incarnent une fierté nationale, mais représentent aussi un coût important. C’est pourquoi la recherche de solutions pérennes, innovantes et collectives pour assurer leur préservation est un devoir partagé.

