Drones russes en Pologne et Roumanie : test pour l’Europe ou « erreur de programmation » ?
Laurent Mazaury, Député des Yvelines, membre de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale et Conseiller municipal d’Élancourt
Ces derniers jours, les incursions de drones russes en Pologne, en Roumanie et dans certains états Baltes ont, à nouveau, mis l’Europe face à ses fragilités en matière de sécurité. Ces violations des espaces aériens de nos alliés, qui sont perçues à la fois comme des actes de provocation, mais aussi comme des tests militaires des défenses aériennes de nos pays, posent une question essentielle : s’agit-il d’un simple incident de programmation ou d’un véritable défi stratégique, destiné à tester la résilience de l’Union européenne ?
Ces drones représentent une menace croissante, en particulier dans un contexte de tensions accrues avec la Russie, qui cherche à affirmer son influence dans notre voisinage direct. Ces incursions, à la frontière est de l’Europe, ne sont pas seulement des violations territoriales, mais aussi une escalade du harcèlement, visant à tester la capacité des États membres et de l’Union à répondre rapidement et efficacement. L’objectif est évident pour les Russes : tester le degré d’unité, de solidarité et de préparation de notre Union.
L’enjeu est clair : l’Europe doit renforcer sa posture de défense collective. Cela passe par la mise en place de dispositifs plus efficaces de surveillance aérienne, l’amélioration de l’interopérabilité entre nos forces armées et la création d’une doctrine commune pour répondre rapidement à ces incursions. La dissuasion doit être claire et crédible, notamment par une coopération renforcée avec l’OTAN, mais aussi par une meilleure absorption des capacités militaires nationales dans une stratégie européenne partagée.
La France, en tant que première puissance militaire de l’Union, doit jouer un rôle moteur. Il est crucial qu’elle continue à investir dans sa propre défense, nonobstant notre situation budgétaire, en exécutant sans faiblir notre loi de programmation militaire (LPM), en développant nos capacités de renseignement, d’alerte et de riposte. Notre position doit être ferme. La France doit aussi œuvrer à renforcer la solidarité européenne, en insistant sur la nécessité d’une réponse collective, pour éviter que ces provocations ne dérivent vers un conflit ouvert.
Ce sont d’ailleurs ces orientations que j’ai portées récemment à la Conférence interparlementaire pour la Politique étrangère, de sécurité et de défense commune (PESC/PSDC) au nom de la France à Copenhague avec les députés et sénateurs qui m’accompagnaient.
En définitive, ces drones russes sont à la fois un défi et une opportunité : celle pour l’Europe de montrer qu’elle sait se défendre dans un monde de plus en plus instable, avec détermination et unité.
La France a un rôle stratégique à jouer : il ne faut plus hésiter : faisons-le !
