Grand âge, l’angle de mort de notre société
Marie Depaquy, Adjointe au maire de Reims déléguée à la Santé, à la Prévention et aux Affaires sociales et Vice-présidente du Conseil départemental de la Marne en charge des personnes âgées
Je commence par un constat : la France vieillit. 21,5 % de la population a plus de 65 ans, une personne sur dix a plus de 75 ans. En 2040, un quart des Français aura dépassé 65 ans. Alors que l’on parle beaucoup de l’âge de départ à la retraite ; parlons avec la même vigueur de la santé, de la dignité et du quotidien de nos aînés.
Sur le terrain, les métiers de l’accompagnement à domicile et en établissement tiennent à bout de bras notre solidarité. Pourtant, les effectifs baissent, les salaires restent trop bas, la reconnaissance fait défaut et la professionnalisation n’avance pas assez vite. Revaloriser, former, fidéliser : voilà l’urgence pour prévenir une crise humaine.
Dans le même temps, les besoins humains donc financiers (allocation personnalisée d’autonomie…) explosent, mais les ressources ne suivent pas : les départements, en première ligne, voient leurs marges se réduire. Soutenir tous nos EHPAD est indispensable, tout comme donner des moyens réels au maintien à domicile, là où beaucoup souhaitent vieillir.
N’oublions pas les aidants. Ils sont des millions, courageux, mais épuisés. Les reconnaître, c’est aussi leur offrir des droits concrets : congés, formations, accompagnement psychologique, et surtout des solutions de répit. Développer des haltes répit, notamment face aux maladies neurodégénératives, doit devenir un réflexe public.
Ce chantier exige une vision pluriannuelle et un financement pérenne. Nos députés ont une responsabilité et poursuivre leurs travaux sur la loi grand âge : sécuriser le financement, fixer des ratios d’encadrement, simplifier les parcours et soutenir l’innovation au service du lien humain.
En cette journée de mobilisation, j’exprime ma solidarité aux professionnels et aux aidants. À l’échelle du département de la Marne comme de la ville de Reims, nous poursuivrons l’accompagnement du parcours de vie par de nouvelles solutions d’habitat », le soutien à nos EHPAD et la valorisation des métiers du soin. Mais un cap national clair s’impose : bien vieillir dans la dignité doit devenir un droit effectif, partout, pour tous et quelques soient les moyens.

