En Nouvelle-Calédonie, Pays du palabre, il faut savoir donner du temps au temps…

Philippe Gomès, élu au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Ancien député, président du Gouvernement et président de la province Sud et Maire honoraire de La Foa

 

Les deux poteaux de la case des Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) – le consensus et l’impartialité de l’État – doivent être impérativement respectés. Ils sont les garants de la paix et du vivre ensemble dans notre pays.

 

Sinon, et l’histoire nous l’a appris, de 1984 à aujourd’hui, les morts enterrent les textes. Les morts du boycott actif des élections de 1984 ont enterré le statut Lemoine, les morts d’Ouvéa ont enterré le statut Pons, et les morts des évènements du 13 mai 2024 ont enterré la loi sur le dégel du corps électoral de Darmanin.

 

C’est pourquoi il en a fallu de l’énergie, de la détermination et de l’autorité à Manuel Valls pour arriver à remettre l’ensemble des parties autour de la table, jusqu’à la signature, le 12 juillet 2025, de l’accord dit de Bougival. Cet accord définit une nouvelle organisation politique et institutionnelle, dans le prolongement du processus de décolonisation et d’émancipation initié depuis 1988. Il doit être constitutionnalisé – à l’instar de l’Accord de Nouméa – avant d’être soumis par référendum aux Calédoniens.

 

Hélas, l’un des partenaires – l’UC-FLNKS – après l’avoir signé, a désavoué sa délégation et s’en est désengagé.

 

C’est dans ce contexte que la proposition de loi portant report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie a été adoptée par le Parlement.

 

À l’origine ce texte était destiné à « permettre la mise en œuvre de l’accord du 12 juillet 2025 ». Au terme de son parcours parlementaire, la loi vise désormais à « permettre la poursuite de la discussion en vue d’un accord consensuel sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie ».

 

C’est une nouvelle main tendue de l’État pour que toutes les forces politiques – y compris l’UC-FLNKS – renouent les fils du dialogue afin de parvenir à la construction d’un consensus local, terreau préalable à l’émergence d’un consensus national, nécessaire pour que le Parlement puisse modifier, le moment venu, la Constitution.

L’intitulé de la loi d’une part, le report des élections en juin 2026, d’autre part, permettent désormais de donner corps à cette perspective.

 

Le Parlement a manifesté ainsi sa volonté de « faire avec le FLNKS ». Au FLNKS maintenant de manifester sa volonté de « faire avec les autres ».