La dermatose nodulaire contagieuse bovine : on vous explique

Joël Balandraud, Maire d’Èvron (Mayenne), Vice-président de l’AMF et vétérinaire rural

La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) fait les gros titres. Cette maladie virale de type variole est transmise par des insectes piqueurs ; elle provoque des lésions cutanées, une baisse de production laitière et des pertes de poids, entraînant des conséquences sanitaires et économiques majeures.

Bien que non transmissible à l’homme, son impact sur la filière bovine est considérable, notamment en termes de productivité et de commerce international.

Pour contenir la propagation, les autorités sanitaires ont mis en place des mesures fortes : abattages ciblés et campagnes de vaccination massive. Sur le plan sanitaire, ces actions visent à limiter la diffusion rapide du virus et à protéger les cheptels indemnes. La vaccination, bien que coûteuse, reste la solution la plus efficace pour créer une immunité collective. Quant aux abattages, ils permettent d’éliminer les animaux infectés et de réduire la pression virale. Ces méthodes ne sont pas nouvelles : elles ont déjà fait leurs preuves lors de crises majeures comme la fièvre aphteuse, et ont permis d’éliminer des maladies autrefois endémiques comme la tuberculose bovine ou la brucellose. Chaque vétérinaire connaît l’épreuve vécue par des éleveurs qui ont dû laisser partir un cheptel, car ces abattages n’ont jamais totalement cessé, mais permettent de maintenir le statut indemne de la France pour bon nombre de maladies.

D’un point de vue économique, ces mesures sont stratégiques. Une épidémie incontrôlée entraînerait des pertes directes (mortalité, baisse de production) et indirectes (restrictions commerciales, chute des exportations, chute des cours). Prévenir la diffusion de la DNC, c’est préserver la compétitivité de la filière bovine française et éviter des coûts bien supérieurs à ceux des interventions préventives.

Cependant, le contexte social complique le débat. Les éleveurs, déjà fragilisés par des crises successives et dans l’attente d’une décision définitive sur le Mercosur, vivent ces mesures comme une épreuve supplémentaire. À cela s’ajoute une concurrence syndicale qui politise la question, opposant visions pragmatiques et revendications identitaires. Entre impératifs sanitaires, contraintes économiques et tensions sociales, la gestion de la DNC illustre la complexité des politiques agricoles en période de crise… Et quand le politique se mêle de sanitaire…