Non au MERCOSUR ! Nous devons garantir notre souveraineté alimentaire !
Franck Menonville, Sénateur de la Meuse, Conseiller municipal de Stainville et agriculteur
Cette semaine l’agriculture s’est invitée au cœur de l’actualité, et une évidence s’impose : notre pays ne peut plus se payer le luxe de l’ambiguïté. Les tensions de ces derniers jours n’ont rien d’un accident de calendrier.
Elles révèlent trois fractures qui se répondent et qui, ensemble, ravivent une colère que l’on croyait contenue : le Mercosur, la crainte d’une perte d’élevage entier et le décrochage de notre balance commerciale agroalimentaire.
Sur le Mercosur, la France ne peut y être favorable en l’état. Le Président de la République a dit que l’accord était « mauvais », puis s’est montré « plutôt positif », avant de réaffirmer son opposition. Cette oscillation nourrit l’incompréhension des filières. La ligne doit être claire : sans garanties extrêmement solides, il n’y a pas d’accord. Nous ne pouvons pas demander à nos producteurs de respecter des normes sanitaires et environnementales parmi les plus contraignantes au monde et ouvrir nos frontières à des produits qui ne respectent pas ces exigences. C’est protéger notre agriculture, mais aussi nos consommateurs, qui sont en droit d’attendre une équité de règles et une sécurité sanitaire incontestable.
Les « clauses miroirs » et les dispositifs de sauvegarde ne valent que s’ils sont effectifs. Cela suppose des contrôles renforcés dans les pays exportateurs, comme à l’entrée des ports européens, avec des moyens, des sanctions, et la possibilité de suspendre rapidement des flux en cas de non-conformité. Sinon, ce ne sont que des mots.
Dans le même temps, notre commerce extérieur agricole décroche. En septembre 2025, la balance agroalimentaire est devenue déficitaire (–123 millions d’euros) une première depuis 50 ans, fruit d’une dégradation constante de la compétitivité de notre agriculture. Le déficit annuel pourrait, selon la presse spécialisée, atteindre –353 millions. En quelques années, la France a perdu près de 10 milliards d’euros de performance. Les causes sont connues : décrochage de compétitivité, surtranspositions franco-françaises, complexités administratives, accès plus difficile à l’eau et à certains moyens de protection des cultures, affaiblissement de nos filières agroalimentaires.
Retrouver l’excédent n’est pas une option : c’est un devoir. Il faut remettre l’acte de produire au cœur des politiques publiques, simplifier réellement, sécuriser nos outils de production, et assumer une stratégie sur tous les segments ; de l’entrée de gamme au haut de gamme. La souveraineté alimentaire n’est pas un slogan : c’est une exigence nationale.