Colère des pharmaciens : on vous explique
Grégory Tempremant, Conseiller municipal de Comines (59) et Conseiller régional de la Région Hauts-de-France et Pharmacien
Depuis plusieurs semaines, les pharmaciens français se mobilisent massivement. Grèves de gardes, fermetures d’officines, rassemblements : ces actions, loin d’être anodines, révèlent une profession à bout de souffle inquiète pour leur avenir. Le détonateur a été l’arrêté de plafonnement des remises génériques : depuis le 1er septembre, elles ne peuvent pas dépasser 30% du prix du générique, contre 40% jusqu’ici. Et ce plafond doit encore baisser pour atteindre 20% en 2027. L’objectif du gouvernement est d’amortir pour les laboratoires la baisse de prix annoncée sur les médicaments au détriment des officines qui auront la double peine de baisse des prix et des remises.
Les pharmacies subissent une baisse continue de la rémunération sur les médicaments génériques, alors que le coût de fonctionnement d’une structure (loyers, salaires, charges…) ne cesse d’augmenter. Résultat : certaines pharmacies, surtout en zone rurale, ferment leurs portes, privant les patients d’un accès essentiel aux soins. Les élus UDI se sont mobilisés pour préserver le réseau pharmaceutique de proximité, rempart contre les inégalités territoriales de santé.
En 10 ans, nous avons perdu 10% des officines en France et de nombreuses pharmacies sont en difficultés financières.
Cette mobilisation est aussi un cri d’alarme sur l’avenir de la profession. Le métier n’attire plus avec plus de 200 places en pharmacie qui n’étaient pas pourvues à la rentrée de septembre et une réforme du 3e cycle des études qui tarde à être appliquée.
Lors d’une rencontre le 24 septembre avec les syndicats représentatifs de la profession et l’Ordre, le Premier ministre a annoncé la suspension de l’arrêté de plafonnement de la remise générique pour trois mois.
Cependant, la profession reste inquiète, car rien ne garantit aujourd’hui que les « génériqueurs » [ndlr. Laboratoires pharmaceutiques fabriquant et commercialisant des médicaments génériques] reviendront sur leurs conditions antérieures, et surtout, rien ne la protège des 200 millions d’euros d’économies sur le médicament appliquées par le CEPS (Comité économique des produits de santé) au 1er octobre 2025.
Sébastien Lecornu, le Premier ministre, a annoncé également le lancement d’une mission sur les flux financiers de la dispensation du médicament et le développement des missions d’orientation dans le système de soins des pharmaciens. Ces annonces permettent un sursis, mais ne règlent pas les problèmes de fond.
En effet, le modèle économique de la pharmacie d’officine doit être repensé pour être en adéquation avec leurs missions afin de préserver le maillage territorial du système de santé et valoriser justement leurs compétences.
Nous ne pourrons pas nous affranchir en parallèle d’une réflexion sur le prix des médicaments.
Nous espérons que ces sujets pourront être abordés lors des débats sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui devrait arriver dans quelques semaines.
