Construisons ensemble
Laurent Monnet, Adjoint au maire de Valence (26), Conseiller départemental de la Drôme, Délégué départemental UDI de la Drôme et chef d’entreprise
La colère qui traverse le pays est légitime : face aux difficultés économiques, sociales et au sentiment d’être peu entendu, il est normal que les citoyens cherchent à se faire entendre. Mais il faut distinguer le droit à la protestation, précieux dans une démocratie, de la stratégie du blocage systématique qui, loin de forcer le dialogue, fragilise ceux qui portent déjà le pays sur leurs épaules.
Bloquer la France, c’est d’abord fragiliser les acteurs économiques qui créent de la valeur et financent nos services publics. Chaque journée de perturbation se traduit par des livraisons annulées, des contrats perdus, des clients qui se détournent, et, au bout de la chaîne, des emplois menacés. Ceux qui prônent l’arrêt du pays prennent en otage non pas l’État, mais les travailleurs et les entrepreneurs qui, jour après jour, essaient simplement de faire tourner l’économie dans un contexte déjà difficile. Il faut le rappeler : le taux de défaillance des entreprises continue de croître, et chaque coup de frein collectif accélère ce mouvement.
Il ne s’agit pas de nier les motifs de l’indignation. Mais la colère, pour être utile, doit se traduire en propositions concrètes et en actions responsables. Le recours systématique au blocage est une impasse politique et économique. Il abîme la confiance entre les Français, creuse des fractures sociales et éloigne les solutions pragmatiques. Les grandes décisions se prennent par la persuasion, la négociation et le compromis, pas par l’asphyxie du quotidien.
La France a besoin d’un climat d’apaisement pour bâtir des réponses durables. Ce climat suppose de la part de tous, pouvoirs publics, syndicats, organisations patronales et citoyens, un surcroît de responsabilités. Dialoguer sérieusement, ouvrir des négociations ciblées, mettre en place des mesures temporaires pour protéger les plus vulnérables tout en préservant l’activité économique : voilà des pistes concrètes qui respectent l’expression démocratique sans sacrifier l’économie réelle.
Construire, c’est choisir la voie de l’action collective et réfléchie. C’est mettre l’intérêt général au-dessus du seul geste cathartique. C’est, enfin, rappeler que c’est ensemble, dans le travail et le respect mutuel, que nous pourrons relever les défis et obtenir les changements nécessaires, sans paralyser notre pays.
