Dégradation de la note souveraine de la France : des conséquences en cascade

Frédéric Minard, Premier adjoint de Roubaix (59), chargé des finances et du développement économique et Directeur administratif et financier d’une grande entreprise

 

En tant que premier adjoint au maire de Roubaix en charge des finances, et aussi en tant que professionnel des fonctions financières depuis bien des années, la récente dégradation par S&P de la notation de la France m’inquiète, et pourrait avoir des conséquences lourdes sur nos finances locales.

 

Ce qui est surprenant, c’est d’abord le temps de l’annonce : en dehors du calendrier prévu, en raison de l’actualité politique, et exacerbé par l’instabilité actuelle, les agences de notation se saisissent elles-mêmes du moment, et réagissent quasiment en direct à nos débats, atermoiements et décisions parfois peu lisibles.

 

Ces notations négatives ne sont pas de simples chiffres : elles se traduisent par une augmentation des coûts de refinancement de l’État, ce qui in fine accroit inévitablement la pression sur l’ensemble des finances publiques, et donc aussi sur le financement de nos collectivités locales.

 

Pourtant, un autre modèle de finances publiques existe.

Face à cette instabilité nationale, il est plus important que jamais de rappeler le modèle vertueux et responsable qui est le nôtre, celui des collectivités locales. Contrairement à l’État, le déficit de fonctionnement nous est interdit. Je le rappelle régulièrement à de nombreux interlocuteurs, qui souvent n’en croient pas leurs oreilles, habitués à entendre parler d’un déficit depuis des dizaines d’années, et d’une dette maintenant record.

 

Non, aucune de nos collectivités territoriales ne présente de déficit de fonctionnement. Notre endettement est strictement encadré, nous forçant à une gestion rigoureuse et prudente, au plus près des réalités de nos territoires. De plus, année après année, nous subissons les conséquences des décisions nationales. Nous assurons la mise en œuvre de transferts de charges par l’État qui sont loin d’être intégralement compensés, surtout sur la durée.

 

Et comment y arrivons-nous à respecter cette contrainte forte ?

Par notre relation directe avec les habitants, par notre proximité avec l’ensemble des acteurs, qui nous obligent à faire des choix au local, parfois des choix drastiques, souvent des choix douloureux ; mais des choix qu’on pense impossibles à faire au niveau national.

 

C’est le moment d’écouter les élus de proximité.

Il est temps que cette légitimité et cette expertise de terrain soient entendues. Les élus locaux ne sont pas des spectateurs : nous sommes les garants de l’équilibre budgétaire de proximité et le moteur de l’investissement public. Il est grand temps que nos voix, celles de ceux qui prouvent chaque jour qu’une gestion responsable est possible, soient pleinement intégrées au débat national sur l’avenir financier de la France. Nous demandons un partenariat État-Collectivités fondé sur la confiance, le respect des budgets et une compensation intégrale et durable des charges qui nous sont imposées.