En Roumanie, Nicusor Dan, candidat pro-européen, a remporté la présidentielle
Valérie Devaux, Députée européenne et Conseillère départementale de la Somme
Maintenir le cap vers une Europe unie dans son soutien à l’Ukraine, ou tomber dans les bras du populisme ? Le dimanche 18 mai 2025, les Roumains ont tranché : contre toute attente le candidat pro-russe, George Simion, est donné battu à 46,4% contre 53,6% pour Nicușor Dan, maire de Bucarest depuis 2020, libéral et pro-européen.
Pour rappel, en décembre 2024, la Cour suprême roumaine avait annulé les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, qui avait vu la qualification surprise du candidat d’extrême droite Călin Georgescu, en raison de soupçons d’ingérence russe. Cette décision avait valu à la Roumanie les foudres du Kremlin, ainsi que de plusieurs leaders populistes européens.
Mais l’attachement des Roumains à l’Europe et à la démocratie est demeuré fort. Ce dimanche, le taux de participation était particulièrement haut (65 % contre 53% au premier tour), et les électeurs se sont massivement mobilisés, notamment dans les grandes villes, ce qui a favorisé le candidat libéral.
Comme lors du premier tour, les autorités ont mis en garde contre de possibles tentatives de désinformation russes, par le biais du réseau social TikTok, tandis que Pavel Durov, le fondateur russe de Telegram a accusé la France d’une tentative d’ingérence. Cela a été vigoureusement démenti par les services de renseignements français. George Simion, qui avait crié à la fraude et s’était proclamé président élu, a reconnu plus tard dans la soirée sa défaite.
Le candidat victorieux, Nicușor Dan, 55 ans, se présente comme un modéré et un fervent défenseur de l’ancrage européen de la Roumanie. Mathématicien de formation, l’édile s’est fait connaître pour son style de vie sobre et ses croisades contre la corruption. Loin du système politique perçu comme gangrené par les intérêts privés, Nicușor Dan a su incarner une alternative crédible auprès des Roumains.
Si cette victoire électorale doit encore se transformer en véritable barricade contre le populisme, il n’en reste pas moins que cet exemple témoigne de la résilience du peuple roumain, et nous rappelle que la montée de l’extrême droite en Europe n’est pas inéluctable.