La France est-elle toujours une république décentralisée ?
Catherine Lhéritier, Vice-présidente du conseil départemental de Loir-et-Cher et Maire de Valloire-sur-Cisse (41), Présidente de l’Association des Maires de Loir-et-Cher
En tant qu’élue locale, j’exprime une vive préoccupation quant à la réalité de la décentralisation en France, malgré le principe constitutionnel de libre administration et d’autonomie financière des collectivités.
L’augmentation constante des charges pesant sur nos budgets, trop souvent non compensée par l’État, met à rude épreuve notre capacité à mener les politiques publiques essentielles pour nos concitoyens. Cette situation est d’autant plus critique que les départements ont perdu leur pouvoir de taux et que le bloc communal est mal compensé de la perte de la taxe d’habitation.
Les collectivités locales sont en première ligne face aux besoins croissants de la population (transition écologique, vieillissement, petite enfance, soutien aux plus fragiles, infrastructures). Pourtant, un désengagement majeur de l’État se manifeste par des transferts de compétences sans les moyens adéquats et l’imposition de nouvelles normes coûteuses.
Je souligne le transfert brutal et non compensé aux EPCI de la gestion des digues propriétés de l’État fin 2024, au moment même où un rapport sénatorial confirme l’insuffisance de la taxe Gémapi pour la prévention des inondations. De même, l’augmentation du RSA pour les départements s’accompagne d’une baisse de la compensation étatique.
Cette situation est insoutenable dans un contexte d’inflation persistante, augmentant nos dépenses de fonctionnement (énergie, masse salariale) et réduisant dangereusement nos marges financières. Nous sommes contraints à des choix douloureux : hausse des impôts locaux, réduction des services publics, report de projets structurants.
Il est impératif que l’État reconnaisse l’impact pernicieux de ses décisions sur nos finances et en conséquence sur les services à la population comme sur l’activité économique dans laquelle les collectivités assurent 70% des investissements publics. Une véritable concertation est indispensable pour un nouveau pacte financier garantissant nos ressources. J’appelle à une responsabilité collective pour que les collectivités locales ne soient plus les variables d’ajustement des finances publiques.
Mais l’urgence est aussi économique et sociale, car il faut absolument retrouver une dynamique d’investissement, de création d’emplois et de consommation des ménages, afin de stopper l’hémorragie des forces vives, dont beaucoup ont déjà quitté le territoire.
Prendre le temps de tout se dire, dans le respect des convictions de chacun, pour parvenir à un nouvel accord : c’est l’espoir de l’UDI.
Osons le pari de l’intelligence !