La Sécurité sociale : 80 ans et déjà essoufflée
Olivier Henno, Sénateur du Nord, co-rapporteur du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) et Secrétaire général au projet de l’UDI
À l’heure où l’Assemblée nationale ouvre l’examen du PLFSS 2026, une question essentielle s’impose : quel modèle social souhaitons-nous transmettre à nos enfants ?
Un système affaibli, vivant à crédit, ou une Sécurité sociale solide, juste et durable ?
Sénateur UDI, je choisis la responsabilité et la lucidité.
Le dernier rapport de la Cour des comptes est de nouveau sans ambiguïté.
La situation financière de la Sécurité sociale s’est profondément dégradée.
En 2025, son déficit atteint 23 milliards d’euros. En deux ans seulement, il aura doublé. Hors branche famille, toutes les branches sont désormais déficitaires.
Cette dérive lente n’est que le résultat d’une gouvernance manquant de cohérence et d’une construction budgétaire insuffisamment sincère.
Pour garantir à tous les Français un modèle social digne, juste et durable, la première exigence est l’équilibre des comptes. Le rapport mentionne qu’à l’horizon 2029, la trajectoire ne conduit pas à un retour à l’équilibre, mais à la reconstitution d’une dette sociale dépassant 100 milliards d’euros. Sans un plan crédible de redressement, la solidarité nationale sera fragilisée et le financement de nos systèmes de santé, de retraites deviendra incertain.
Mais l’équilibre ne peut pas être synonyme d’austérité à sens unique. Pour être juste, le modèle social doit s’appuyer sur une redistribution efficiente, une maîtrise des dépenses dans la durée, et un débat démocratique sur les priorités collectives. Le rapport rappelle que les recettes progressent plus lentement (+2,5 %) que les dépenses (+3,6 %). Il faut donc conjuguer maîtrise des coûts, réforme des mécanismes de solidarité, et mobilisation de recettes nouvelles ou mieux orientées.
Si le gouvernement présente un plan de redressement de 11 milliards d’euros en 2026, que certaines mesures vont dans la bonne direction, notamment la réduction de niches sociales, je trouve toutefois que la trajectoire reste fragile, fondée sur des hypothèses macroéconomiques trop optimistes et sur un nombre restreint de mesures concrètes.
Face à cela, les sénateurs UDI affirment trois exigences, en cohérence avec les recommandations de la Cour :
- Retrouver une trajectoire lisible et assumée de retour à l’équilibre, sans hausse généralisée des prélèvements.
- Renouer avec un pilotage responsable (maîtrise durable de la dépense et clarification des responsabilités entre l’État et la Sécurité sociale).
- Décider lucidement de l’éventuelle prolongation de la caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) au-delà de 2033.
Protéger la Sécurité sociale, c’est avoir le courage de la réformer.
