Motion de censure socialiste : un jeu dangereux
Hervé Marseille, président de l’UDI et président du groupe Union centriste au Sénat
Le Parti socialiste a décidé une fois encore de prendre le risque d’une instabilité politique en déposant une motion de censure contre le gouvernement à l’Assemblée nationale. Cette initiative, heureusement avortée, soulève des interrogations légitimes sur la cohérence d’une formation politique pourtant attachée au dialogue social.
Le gouvernement avait précisément choisi de confier aux partenaires sociaux la gestion de la délicate question des retraites, sujet majeur qui appelle sérénité et responsabilité. Les conclusions du conclave ne satisfaisant pas la gauche, celle-ci a décidé de faire prendre à notre pays un risque d’une perte de stabilité, de confiance et d’attractivité économique, mettant en péril les investissements dont la France a plus que jamais besoin.
De manière préoccupante, en choisissant cette voie, le PS place indirectement le Rassemblement national en position centrale dans le jeu politique, comme cela avait déjà été le cas fin 2024. Par ailleurs, il se rapproche dangereusement des positions de La France insoumise dont il avait pourtant pris leur distance.
À l’UDI, nous restons attachés au modèle de la Démocratie sociale, fondée sur un dialogue constructif avec les partenaires sociaux. Ce modèle, plébiscité par tous les démocrates, semble pourtant mis à mal par certains représentants socialistes lorsqu’ils optent pour la confrontation au détriment de la coopération. La cohérence en politique ne doit pas être un choix de circonstance, mais une véritable ligne directrice.
Or l’esprit de responsabilité s’impose particulièrement dans un contexte d’instabilité et d’incertitude, instabilité entretenue paradoxalement par ceux-là mêmes qui appellent pourtant à la responsabilité. Cette exigence sera essentielle dans le cadre du débat budgétaire à venir qui s’annonce.
Deux défis majeurs nous attendent : un endettement croissant qui nécessite des efforts sans précédent, mais sans élan politique, et la menace récurrente d’une crise gouvernementale entretenue par une gauche républicaine trop souvent réfractaire au compromis.
Espérons que le groupe socialiste à l’Assemblée nationale ait simplement souhaité marquer le coup, et que cette position ne soit pas définitive quant aux avancées sociales sur les retraites ainsi que sur le budget.