Natalité : l’indispensable débat public

Olivier Henno, Sénateur du Nord, Vice-président de la commission des affaires sociales au Sénat et Secrétaire général au projet de l’UDI

 

La France termine 2025 avec un avertissement qui n’a plus rien de théorique. La natalité poursuit sa chute, le solde naturel est devenu négatif, et la pyramide des âges se renverse durablement.

 

Le rapport 2025 de la Cour des comptes sur « Démographie et finances publiques » n’emploie pas de formules euphémisantes : le pays s’engage sur une trajectoire où la population en âge de travailler se contracte, tandis que les dépenses liées au vieillissement s’élargissent. Ce n’est pas un phénomène lointain, mais une mécanique déjà en marche.

 

Moins d’actifs, plus d’inactifs, un système social fondé sur la répartition, et une dette publique lourdement alourdie par les crises successives : l’équation devient explosive. Le débat sur les retraites n’est plus seulement une querelle politique, mais le symptôme d’un modèle arrivé à la limite de ses capacités. Continuer à reporter les décisions reviendrait à laisser s’enfoncer les fondations mêmes de notre pacte social.

 

La Cour des comptes propose de repenser la tranche 60–70 ans comme une période de maintien partiel dans l’activité pour ceux qui le peuvent. Cette recommandation n’est pas une provocation : elle traduit la réalité arithmétique. La baisse de la natalité prive le pays de futurs cotisants. L’espérance de vie s’allonge. Les dépenses de pension, de santé et de dépendance augmentent mécaniquement. Le tout dans un contexte budgétaire déjà sous haute tension. S’abriter derrière l’idée que « la croissance paiera » ou que « les générations futures s’adapteront » serait un pari irresponsable.

 

Face à ce constat, un sursaut national s’impose. Il ne s’agit pas seulement de réformer l’âge légal de départ, mais de reconstruire un cadre complet : politiques familiales plus efficaces, attractivité du travail renforcée, lutte contre le chômage structurel, transition vers une économie capable de financer durablement la solidarité. Sans cela, le système social français risque de s’enfoncer dans un effet de ciseaux irréversible : recettes en baisse, dépenses en hausse, déficits chroniques.

 

Au-delà de la question financière, la baisse de la natalité est une question existentielle. Se satisfaire d’un taux de natalité à 1,6 enfant par femme, c’est accepter de perdre 20% de sa population en deux générations. C’est pour toutes ces raisons que l’UDI demande un débat public sur la natalité en France.