Nouvelle-Calédonie : après l’échec des négociations, un nouveau risque pour le Caillou
Éric Hélard, Secrétaire national UDI aux Outre-mer
Il faut accepter l’évidence : malgré trois déplacements depuis février dernier de Manuel Valls, ministre des Outre-mer, à Nouméa et des centaines d’heures d’échange avec toutes les parties prenantes, indépendantistes et non indépendantistes, les négociations engagées du 5 au 8 mai sur le statut de la Nouvelle-Calédonie ont échoué.
Pourtant, un an après les émeutes entrainant quatorze morts et plus de 2 milliards d’euros de dégâts, le ministre avait réussi à réenclencher le dialogue entre l’État et ses partenaires. Il faut dire que la tâche est ardue puisqu’il faut inventer une solution qui, d’un côté, satisfasse la revendication du peuple autochtone kanak à sortir de la colonisation et de l’autre, rassurer ceux qui ont confirmé leur attachement au maintien dans la France lors des référendums de 2018, 2020 et 2021.
Notre souci à l’UDI n’est pas vraiment de savoir à qui incombe l’échec même si nous pensons que l’idée de partition du territoire défendue par une partie des non-indépendantistes n’est pas acceptable. Nous pensons par contre à TOUS les Calédoniens plongés dans une crise économique, sociale et sanitaire sans précédent, sans perspective à court et moyen terme tant qu’un accord politique n’aura pas eu lieu dans une société fracturée. Or, l’histoire a démontré que lorsque le sort du territoire calédonien devient un enjeu de batailles partisanes nationales, le pire est à craindre : rappelons-nous, Ouvéa en 1988.
Les dernières séances de questions au Gouvernement dans nos deux assemblées et les nombreuses visites attendues dans l’archipel – après Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale, c’est Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, qui est annoncée – démontrent que l’instrumentalisation du dossier calédonien à des fins de politique intérieure devient bien réelle.
C’est tout ce qu’il faut éviter. Il faut poursuivre le dialogue engagé avec deux sujets à régler pour garantir la paix civile : aboutir à la fin du processus de décolonisation et permettre l’exercice du droit à l’autodétermination.
Dans ce contexte explosif, il convient d’organiser des élections provinciales avant novembre 2025, date limite imposée par le Conseil d’État. D’ici là, la raison va-t-elle l’emporter ? Peut-on miser sur une reprise du dialogue ? L’UDI et son président, Hervé Marseille, feront tout pour permettre le rapprochement des points de vue. Le travail déjà accompli doit porter ses fruits. C’est la seule issue possible pour éviter le chaos.