Préférence européenne : un tournant stratégique pour l’Union

James Chéron, Vice-président de la Région Île-de-France et Maire de Montereau (77), Secrétaire national de l’UDI aux Affaires européennes et International Officer of ALDE Party

 

La souveraineté de l’Europe est dans l’ADN de l’UDI, c’est pourquoi le mouvement alerte depuis des années, sur l’ouverture du marché européen sans condition à tous les pays, nos alliés comme nos concurrents. Aujourd’hui, cette prise de conscience gagne du terrain avec l’annonce de Stéphane Séjourné, Vice-président exécutif de la Commission européenne à la Prospérité et à la Stratégie industrielle Commissaire européen à l’Industrie, aux PME et au Marché unique. Il propose, dès 2026, d’introduire des clauses d’achats européens dans les règles communautaires. Concrètement, il s’agit de réviser la directive sur les marchés publics pour permettre à l’Union européenne de privilégier les entreprises européennes, notamment dans des secteurs stratégiques comme l’industrie ou la recherche.

 

C’est une évolution bienvenue, car cette exigence de réciprocité est au cœur de la vision que nous portons : une Europe qui protège, qui assume sa souveraineté économique et défend ses intérêts dans un monde de plus en plus concurrentiel. Dès 2019, nous avons inscrit cette priorité dans notre programme pour les élections européennes, en appelant à conditionner l’ouverture des marchés publics européens à une stricte réciprocité.

 

Aucun marché public européen ne devrait être attribué à une entreprise chinoise, indienne ou américaine si nos entreprises ne peuvent accéder, en retour, aux appels d’offres de ces pays. Ce n’est pas du repli. C’est du bon sens. Les États-Unis appliquent leur Buy American Act depuis près d’un siècle. La Chine subventionne massivement ses industriels et impose des barrières opaques. L’Europe ne pouvait pas rester sans rien faire.

 

Ce principe de préférence européenne vise aussi à construire un véritable marché intérieur. Trop souvent, les États membres se tournent vers des fournisseurs extérieurs à l’Union, quand des alternatives existent en Europe. Une politique d’achats publics coordonnée, fondée sur la solidarité économique, permettrait de structurer des filières industrielles solides, compétitives et souveraines.

 

L’Europe ne peut plus rester passive face aux pratiques déséquilibrées des autres grandes économies. Le moment est venu de passer d’une logique d’ouverture unilatérale à une stratégie fondée sur la réciprocité.