Réponse au Premier ministre en guise de carton rouge

Ludovic Toro, Maire de Coubron (93), Délégué spécial à la Région Île-de-France à la lutte contre la désertification médicale et médecin généraliste

 

Pallier la pénurie médicale ou, d’une façon plus honnête, pallier l’inefficacité coupable de 21 ministres de la Santé qui se sont succédés depuis 30 ans, dont 8 en seulement 5 ans, et qui ont brillé par leur immobilisme coupable.

Le Premier ministre donne la leçon aux médecins sur une «obligation de fraternité». Comment ose-t-il nous donner des leçons sur la fraternité, alors que l’essence même de notre métier est l’aide aux souffrants ? Quelle honte.

Après les kinésithérapeutes, les infirmières, les pharmacies, les dentistes… au tour des médecins de perdre leur statut de libéral.

Car ce sont, bien sûr, les médecins les coupables. Les « vilains » qui mettent la santé à mal. C’est tellement plus facile d’accuser plutôt que d’assumer, Monsieur le Premier ministre.

 

87 % du pays est en désert médical. Accusez tous les anciens ministres de la Santé si vous avez un peu de courage politique, pas nous et pas les soignants.

Un petit rappel à vous et à ceux qui ont rédigé vos propositions : les études médicales durent 10 ans ; nous exerçons à 30 ans, déjà installés dans une vie privée : en couple, avec une famille, des enfants scolarisés, une maison, des amis. Et vous voudriez tout faire exploser ?

Alors oui, nous pouvons donner des compétences supplémentaires à nos collègues, pharmaciens et infirmières.

Et quelle belle idée : enlever deux jours aux médecins de leur lieu d’exercice médical pour un autre, alors que presque toute la France est en désert médical…

Mais attention : soigner une cystite n’est pas si simple ; ce n’est pas juste un traitement minute à donner. Sinon, préparez-vous, Monsieur le ministre, à beaucoup de problèmes médicaux.

Je viens de terminer la visite de six pays européens en comparant les mesures mises en place pour les systèmes de santé, et je suis prêt à vous conseiller et vous aider, Monsieur le Premier ministre, en toute « fraternité ».