Réponse à la déclaration de politique générale du Premier ministre : entre priorités et crédibilité budgétaire
Hervé Marseille, Président de l’UDI et Président du groupe Union centriste au Sénat
Lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, au Sénat, mercredi 15 octobre, j’ai tenu à y répondre directement et de façon précise.
Durant des semaines, les forces politiques du désormais ex-« socle commun » avaient répondu présent. Nous, les chefs de parti, nous sommes rendus à Matignon et nous avons proposé d’avancer.
Mais, semaine après semaine, rien n’a été clarifié : ni les intentions, ni les orientations budgétaires, ni l’architecture gouvernementale, d’abord réduite à 15 avant d’être portée, après la chute du Premier ministre, à plus de trente. Et dans le même temps, il cherchait un compromis nécessaire avec les socialistes, mais s’y enfermer, en oubliant celles et ceux qui le soutenaient, a été une erreur de méthode. Il faut désormais un contrat de gouvernement clair : un périmètre assumé, des priorités hiérarchisées, un calendrier crédible et des règles du jeu partagées. C’est à cette condition que la confiance se reconstruit.
Si les Premiers ministres changent, les préoccupations restent et l’une en particulier : la dette. Oui, des économies doivent être faites, les parlementaires UDI le disent et le répètent depuis des années, afin de tenir notre souveraineté et notre parole internationale. Mais comment convaincre, après avoir renoncé à une réforme des retraites que tous disaient indispensable ? On nous parle d’un retour à 3% de déficit en 2029. Qui peut y croire si nous ne disons pas la vérité sur la trajectoire et les renoncements ?
Cette suspension a de facto accru les contraintes budgétaires. Nous ne pouvons pas tout financer à la fois : compenser le coût des retraites, réduire la dette et soutenir le pouvoir d’achat. Le premier exercice de vérité consiste à mettre les chiffres sur la table : des centaines de millions la première année, plusieurs milliards la suivante. Il faut les assumer, les expliquer, arbitrer et expliquer où seront faites les économies pour équilibrer ces dépenses.
Des efforts sont demandés à tous, mais ils doivent être répartis. Nous, les parlementaires de notre mouvement, accompagnerons des mesures d’équité fiscale sollicitant davantage les patrimoines les plus élevés ainsi que le renforcement de la lutte contre les fraudes. Dans le même temps, il ne faut pas ignorer l’accord européen avec le Mercosur qui semble aboutir contre l’avis de nos agriculteurs et de leurs besoins.
Notre demande est simple : un contrat de gouvernement clair, une trajectoire budgétaire réaliste appuyée sur des économies documentées, une équité fiscale ciblée qui préserve l’investissement et l’emploi ainsi que la protection du pouvoir d’achat. Le groupe Union centriste au Sénat, où siègent les sénateurs UDI, est disposé à soutenir, nous l’avons dit dès le premier jour : « nous ne soutiendrons ni à n’importe quelles conditions ni selon n’importe quelle méthode ». C’est dans cet esprit que nous prendrons nos responsabilités.

