Un compromis pragmatique pour soutenir nos agriculteurs
Franck Ménonville, Sénateur de la Meuse, co-auteur de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur et agriculteur
Après des mois de travail au Sénat et un rejet stratégique à l’Assemblée nationale, la proposition de loi visant à lever les contraintes pesant sur les agriculteurs est arrivée à sa phase finale : la commission mixte paritaire.
Ce moment crucial de négociation entre sept députés et sept sénateurs a permis d’aboutir à un texte définitif, afin de mieux adapter notre agriculture aux enjeux stratégiques, commerciaux, climatiques et environnementaux.
Avec Laurent Duplomb, Sénateur et co-auteur de cette loi, nous avons œuvré afin de préserver à la fois la compétitivité de notre agriculture et l’excellence reconnue de nos savoir-faire. À cet égard, plusieurs avancées majeures ont été actées, illustrant le caractère constructif et pragmatique de nos échanges.
Parmi les compromis atteints figure la réintroduction encadrée et à titre dérogatoire de l’acétamipride, un insecticide indispensable pour soutenir des filières aujourd’hui dans l’impasse, telle que celles de la betterave ou de la noisette. Sans cette substance, elles sont tout simplement condamnées, faute d’alternative efficace. Ces productions doivent en outre faire face à une concurrence européenne déséquilibrée alors que de nombreux pays de l’Union l’autorisent et l’utilisent. La mesure est assortie d’une stricte clause de revoyure triennale pour garantir que son emploi demeure justifié et sécurisé.
Concernant les ressources en eau, le texte affirme clairement l’intérêt général majeur des ouvrages de stockage nécessaires à l’irrigation. Cette disposition essentielle permettra à nos agriculteurs de sécuriser leur production tout en adaptant leurs pratiques au contexte du changement climatique.
Par ailleurs, nous avons choisi d’écarter certains sujets, comme la redéfinition des zones humides ou les mesures spécifiques sur Tourlantès, afin de laisser place à une concertation plus large menée directement par le ministère concerné.
Je regrette toutefois que les partis de gauche aient adopté une posture plus dogmatique que pragmatique face aux réalités que rencontrent nos agriculteurs, ce qui est particulièrement dommage dans un contexte où la coopération et le réalisme devraient primer.
Cette loi constitue l’aboutissement d’un engagement pris à la suite des fortes mobilisations agricoles de 2023 et 2024. Je tiens à remercier mes collègues parlementaires, ainsi que les rapporteurs des deux chambres, dont les contributions ont permis d’aboutir à un texte à la fois équilibré et efficace.
Désormais, notre vigilance portera sur la mise en œuvre rapide des décrets nécessaires à son application, pour traduire concrètement et au plus vite ces avancées en faveur de nos agriculteurs.