Vieillissement : dépasser les limites des dispositifs actuels
Monique Gibotteau, Vice-présidente du Conseil départemental de Loir-et-Cher en charge du Grand âge
Le vieillissement n’est pas une fin, c’est un enjeu majeur qui nécessite une réponse collective, ambitieuse et coordonnée. Face au défi démographique et aux besoins croissants des personnes âgées dépendantes, notre société doit se mobiliser autour d’une stratégie globale et proactive.
Or, malgré les dispositifs existants tels que l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), des failles persistent, laissant souvent les personnes fragiles sans une prise en charge adaptée ou suffisante à domicile. Ces lacunes appellent des solutions nouvelles et intégrées, ainsi qu’une meilleure articulation entre les différents acteurs du territoire.
L’Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) constitue ainsi une étape essentielle dans un parcours de vie coordonné, ouvert sur l’extérieur, intégrant activités culturelles et services variés. Les EHPAD doivent être acteurs d’une prévention efficace contre la perte d’autonomie, rôle facilité par les Centres de Ressources Territoriales (CRT) et l’Équipe Mobile Départementale Vieillissement Maintien Autonomie (ERVMA).
Les dispositifs de soins à domicile tels que les Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD), le dispositif SAD, ou encore l’Hospitalisation à Domicile (HAD), qui intervient également en EHPAD, jouent un rôle essentiel. Par ailleurs, il convient de développer divers types d’hébergements : temporaires, d’urgence, de nuit ou de jour associés à un Pôle d’Activités et de Soins Adaptés (PASA), ainsi que des habitats innovants tels que les béguinages, l’habitat inclusif, la colocation, les résidences autonomie, les MARPA, les domiciles adaptés (avec intervention d’ergothérapeutes et mise en valeur par des initiatives comme la “Maison bleue”) et l’accueil familial.
La fin de vie doit être accompagnée par une véritable culture des soins palliatifs, soutenue par un médecin coordonnateur essentiel dans les territoires confrontés aux déserts médicaux. La prise en charge de la douleur reste une priorité majeure.
Impossible d’aborder le vieillissement sans mentionner le rôle central des aidants. La Commission des financeurs constitue un outil efficace pour déployer des actions préventives sur le territoire, notamment à travers le sport adapté, véritable médicament du XXIe siècle.
Des préoccupations persistent cependant : difficultés de recrutement et manque d’attractivité des métiers du soin à domicile, salaires insuffisants, diminution progressive du soutien financier de l’État, hausse du reste à charge en EHPAD, et glissement des soins sanitaires vers le médico-social. Pour y répondre, il est indispensable d’ajuster les tarifs selon les revenus, à l’image des dispositifs en crèche, et d’augmenter substantiellement les enveloppes sanitaires dédiées aux EHPAD, face à une médicalisation croissante de la dépendance.
